mercredi 29 mai 2024

PBF 2024.14 : Le théorème de la passoire

Mercredi 29 mai 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque est dans des affres mathématiques. On appelle petite boutique fantasque toute émission diffusée sur l'antenne de Radio Radio 106.8 mHz (Toulouse) le mercredi à 19H ou sur https://www.radioradiotoulouse.net pour la diffusion numérique en temps réel et la balado-diffusion. On distingue les petites boutiques fantasques de 1er ordre et de 2nd ordre. Les petites boutiques fantasques de 1er ordre ne contiennent aucune trace de terre de la place Pinel. Marius Pinel en est absent. Les PBF de 2nd ordre sont dites pinelisées car elles contiennent la chronique de l'univers place Pinel de Marius Pinel. Mais là, aujourd'hui, nous nous trouvons devant une exception. Nous avons bien Marius Pinel mais dans une interprétation d'un extrait des Shadocks de Jacques Rouxel et Jean-Paul Couturier. 

Programmation musicale :
1) Samba miaou (Full moon ensemble)
2) Oreilles de veau (Siver d'argent)
3) Presque dans la cuisine (Julien Louvet / Damien Schultz) 
4) lambeth walk (Wizex)
5) Les maisons toutes pareilles (Les cowboys fringants)
6) Duo des dindons (Edmond Audran) Juliette / François Morel
7) Improvisation sur le Barbier de Séville (Giacomo Rossini) Farah Fersi
8) Désuétude (Charlie Schlingo) 
9) Exit music (Brad Mehldau)
10) Les gens qu'on aime (Philippe Brach)
11) Garden of love (Dora  / Caroline Champy)
12) L'arbre (Arthur H.)
+ lecture d'un extrait des Shadocks (Jacques Rouxel et Jean-Paul Couturier) par Marius Pinel capté lors du festival des Bruissonnantes 2024 au théâtre du Hangar

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF :
https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/théorème-de-la-passoire-la-petite-boutique-fantasque/

Sus aux Philistins !

Photographie de Martha Norelius par Underwood & Underwood 1925

dimanche 26 mai 2024

«Savoir qu'elle sera mauvaise, l'oeuvre que l'on ne fera jamais. Pire encore, cependant, sera celle qui jamais ne pourra se faire. Celle que l'on fait, est-elle faite. Sans doute pauvrette, mais elle existe, comme la plante chétive dans l'unique pot de fleurs de ma voisine infirme. Cette plante est sa joie, et aussi parfois la mienne. Ce que j'écris, ce que je considère mauvais, peut aussi, peut aussi un moment distraire du pire tel ou tel esprit meurt ou triste. Ça me suffit, ou ça ne me suffit pas, mais c'est utile d'une certaine façon, et la vie toute entière est comme ça.»

Livre(s) de l'inquiétude : Vicente Guedes, Baron de Teive, Bernardo SoaresFernando Pessoa. Christian Bourgeois éditeur (2018)

samedi 25 mai 2024

Visionnage domestique (190)

Coeurs. Alain Resnais (2006)



IL EST SIX CŒURS, PARIS S'ENDORT

Ils ont trente, quarante, cinquante ans ou plus. Ils vivent dans le XIIIe arrondissement, près de la BNF, s’y terrent, entre deux chutes de neige. Alain Resnais compose encore ses films comme ses troupes d’acteurs : il y a les anciennes et les nouvelles recrues, les auto-références et la passion d’un cinéaste qui s’intéresse toujours aux films contemporains. Cœurs est un de ces films admirables dont la virtuosité ne gâche ni l’émotion ni le mystère.

C’est l’histoire de quelques cœurs, brisés, déçus, fatigués, pleins d’espoir. Ils sont petits, presque morts, comme nous le suggère la neige qui tombe en permanence sur des décors millimétrés. On pense évidemment à L’Amour à mort, à l’idée de spiritualité oscillant entre une supériorité de la vie et un passage vers la mort. Alain Resnais se souvient de sa propre œuvre et la remodèle dans Cœurs : André Dussollier était le même agent immobilier timide et renfermé que celui d’On connaît la chanson, Pierre Arditi est filmé dans la même pénombre qui masquait la vérité de L’Amour à mort. On se souvient, et on découvre encore pourtant l’art de Resnais.

Le réalisateur cache bien son jeu comme ses acteurs : les six personnages, loin d’être des caractères déjà vus dans la « famille » resnaisienne, sont des créations du temps présent, non de simples déclinaisons répétées. Ils sont une sorte de concentré de la vie moderne dans ce qu’elle comporte de solitude et surtout de masques. Thierry vit avec sa sœur, Gaëlle, et ne connaît les femmes que platoniquement par sa secrétaire croyante, Charlotte. Gaëlle sort tous les soirs, faisant croire qu’elle vit de l’amour des hommes, alors qu’elle attend dans les cafés l’arrivée d’un homme hypothétique. Dan, ancien militaire, ange déchu de l’armée, boit dans les bars sans attendre qui que ce soit : il raconte sa vie à Lionel qui cache lui aussi ses peines derrière son comptoir et la souffrance de ses clients.

Les cœurs se croisent, bien entendu, mais sans créer de liens véritables comme le faisaient les personnages d’On connait la chanson : Alain Resnais a crée des hommes et des femmes opaques. Chaque discussion est prise en cours de façon à ce que la compréhension psychologique de chacun ne soit ni immédiate ni totale. Chaque personnage est caché par un rideau de perles, une fenêtre, une obscurité. Les diverses parois ne séparent pas les hommes les uns des autres mais les hommes d’un extérieur. Tout le film se situe en intérieur, en repli sur soi, derrière un écran, de télévision ou de regards figés. Quand l’un de ces êtres sort de son rôle connu et parfois apprécié, on ne le voit qu’à peine. Charlotte la catholique se filme en petites tenues pour réjouir le cœur de ses connaissances. Lionel s’occupe d’un père malade et odieux, dont on n’entendra que la voix. Comme le dit Charlotte : « Les gens âgés sont souvent agressifs, je le sais. » Alain Resnais se moquerait-il de lui-même ?

Ce n’est pas la vieillesse physique qui entre en jeu ici, mais l’immobilité des existences, et leur rapport à la mort inconsciente. Il y a quelque chose de mystique dans Cœurs : la pénombre est parsemée de rayons lumineux de temps à autres ; on répète sans cesse : « Mais, mon Dieu, qu’est-ce qui nous arrive ?» La caméra se fait parfois omnisciente. Rappelant Dogville de Lars von Trier, Resnais montre Dan et sa future ex-femme Nicole visitant des appartements : il a la bonne idée de filmer en plongée, du plafond, les différentes pièces. Le décor de théâtre se meut peu à peu en espace confiné, enfermant les âmes, mettant en relief la place de chacun, et conservant l’ouverture d’un plafond qui n’existe plus. Ils sont droits ces cœurs, ils sont froids aussi, comme le Paris blanc de neige et des nouveaux immeubles de la Bièvre, un Paris absent, sans bruits urbains, invisible. Ils attendent. Comme le dit Lionel à Dan, « tout dépend de votre propre clarté ».

Parce qu’ils résistent également, par le contact à autrui qui, sans les dévoiler réellement, les rassure sur leur capacité à survivre. Le couple, quels qu’en soient les deux participants, n’est pas amour parfait, il est nécessité dans le dialogue, même interrompu, puisque les personnages ne peuvent se toucher. Alain Resnais se dit souvent attiré par la beauté des films de Wong Kar-Wai : il en a retiré aussi l’amour du croisement, du passage de ces cœurs libres qui ne sont pas pris, par hasard, par malchance, par fatalité peut-être. La disponibilité n’est pas la liberté, elle serait plutôt synonyme de frustration sexuelle et amicale. Les images se répondent mais pas les humains.

Du début à l’extrême fin, Alain Resnais mène de main de maître la danse. Si ses personnages sont fanés, dans une attente vide d’actions et emplie de sens, son art est intact, renouvelé, passionnant. Mais l’émotion et la beauté incroyable de Cœurs tient tout autant à la grâce des acteurs, à leurs expressions teintées d’une vivacité rentrée que l’on pourrait nommer énergie du désespoir. Si tous sont pareillement entrés dans l’univers du film avec talent, Pierre Arditi est impressionnant de sensibilité, de conviction, et de beauté troublante.

Les anges de Resnais sont gardiens, déchus, soumis, au-dessus de leurs désirs et confinés à l’intérieur d’eux-mêmes et des espaces. Il leur suffirait d’un peu de cette clarté quasi divine pour retrouver l’usage de leurs ailes. Dans la quête d’un autre, on s’oublie soi-même. Lionel/Arditi a cette question au centre du film : « Après tout, qu’est-ce qu’on peut être à part soi ?»… beaucoup de choses, semble nous répondre Resnais, pourvu qu’on en ait la force et la possibilité.

Ariane Beauvillard. Kriticat

Et pendant ce temps inversé-là (19)


 

lundi 13 mai 2024

Les apéritifs de la rue du cimetière (2) : La tête haute

C'est ma fête j'ai 19 ans 
pu d'cheveux mais toutes mes dents 
et quand je r'garde en avant 
y'a comme un flou dans le temps 

tantôt le doc passera 
me donner mes résultats 
et j'saurai si oui ou non 
j'ai des chances de guérison 

mes bougies d'anniversaire 
s'ront peut-être bien les dernières 
Mais je n'suis même pas fébril 
j'ai en moi cette force tranquille 
des gens qui sont habitués à voir la mort roder 

J'ai tout surmonté 
la tête baissée 
si j'redescends la côte 
ce s'ra La Tête Haute 

Si je suis au bout d'la route 
de ma vie beaucoup trop courte 
je partirai quand même en paix 
sans éprouver de regret 

Car même si j'ai encore la flamme 
j'ai en moi cette vieille âme 
de ceux pour qui la sagesse 
a remplacé la jeunesse 

Et qui m'a fait garder espoir 
dans le moments les plus noirs 
Mais qui a aussi tempéré 
les victoires à l'arrachée 

J'me s'rai tenu comme un roi 
Face à ce cheval de Troie 
Sans me plaindre de la douleur 
Et sans pleurer sur mon malheur 

Que je survivre ou que je meure 
Maintenant je n'ai plus peur 

J'ai tout surmonté 
la tête baissée 
si j'redescends la côte 
ce s'ra La Tête Haute 

C'est ma fête j'ai 19 ans 
pu d'cheveux mais toutes mes dents 
Je soufflerai mes bougies 
les dernières de ma vie 

Le doc me l'a confirmé 
le mal a trop progressé 
une affaire de quelques s'maines 
peut-être deux mois à peine 

Les yeux qui flottent dans l'eau 
Dans un dernier soubresaut 
De colère et d'impuissance 
Il faut accepter l'évidence 

Ce n'est plus le temps pour les larmes 
je dois rendre les armes 
J'ai tout surmonté 
la tête baissée
maintenant je redescends la côte
et j'ai la tête haute
et j'ai la tête haute

Les cowboys fringants

samedi 11 mai 2024

47 

«De la répression des passions.- Si l'on s'interdit constamment l'expression des passions comme une chose vulgaire qu'il faut laisser aux natures grossières, aux bourgeois, aux rustres, si l'on veut donc, non réfréner les passions mêmes, mais seulement leur langage et leur geste, on n 'en atteint pas moins, du même coup, ce qu'on ne veut pas : on réfrène les passions elles-mêmes, ou tout au moins on les affaiblit et les transforme ; et ce fut ainsi qu'il en advint, exemple instructif entre tous, à la cour de Louis XIV et à tout ce qui en dépendait. L'époque suivante, élevée dans l'habitude de réfréner l'expression des passions, perdit jusqu'à la passion elle-même ; elle fut remplacée par la grâce, la frivolité, le badinage ; ce fut une époque frappée par l'incapacité de se montrer discourtoise : au point qu'on n'y lançait et n'y rendait l'offense qu'avec des propos obligeants.

[...]»

Le gai savoirNietzsche. Gallimard Idées (1950) 

«Aucune idée brillante ne parvient à circuler si ce n'est en s'agrégeant quelque élément de stupidité. La pensée collective est stupide parce qu'elle est collective : rien ne franchit les barrières du collectif sans y laisser, à l'instar d'une gabelle, la majeure partie de l'intelligence véhiculée.

Dans notre jeunesse nous sommes deux : coexistent en nous notre propre intelligence, qui peut être grande, et la stupidité de notre inexpérience, qui constitue une seconde intelligence inférieure. C'est seulement quand nous atteignons le deuxième âge que se produit en nous l'unification. D'où le comportement toujours frustre de la jeunesse -dû, non à son inexpérience, mais à sa non-unité»

Livre(s) de l'inquiétude : Vicente Guedes, Baron de Teive, Bernardo SoaresFernando Pessoa. Christian Bourgeois éditeur (2018)

Visionnage domestique (188)

L'homme n'est pas un oiseau. Dusan Makavejev (1965)

vendredi 10 mai 2024

Il en a toujours été ainsi !

«L’époque et le monde, l’argent et le pouvoir, appartiennent aux êtres médiocres et fades. Quant aux autres, aux êtres véritables, ils ne possèdent rien, si ce n’est la liberté de mourir. Il en fut ainsi de tout temps et il en sera ainsi pour toujours.»

Le Loup des steppes. Hermann Hesse. Le Livre de Poche, (2021)

«Votre regard a quelque chose d'une musique jouée à bord d'un bateau, au milieu d'un fleuve mystérieux avec des forêts sur l'autre rive..

Livre(s) de l'inquiétude : Vicente Guedes, Baron de Teive, Bernardo SoaresFernando Pessoa. Christian Bourgeois éditeur (2018)

52 

«Ce que les autres savent de nous.- Ce que nous savons de nous-mêmes, ce que notre mémoire en a retenu, est moins décisif qu'on ne pense pour le bonheur de notre vie. Vient un jour où surgit en elle ce que savent (ou croient savoir) les autres de ce nous ; nous nous apercevons alors que leur opinion est plus puissante. On s'arrange mieux de sa mauvaise conscience que de sa mauvaise réputation.»

Le gai savoirNietzsche. Gallimard Idées (1950) 

«Personne n'est plus entraîné à la souffrance ni physique ni morale, nul ne voit plus que rarement quelqu'un souffrir ; il en résulte une conséquence fort importante : c'est qu'on hait la souffrance maintenant plus qu'autrefois, qu'on parle d'elle plus que jamais et qu'on va même jusqu'à ne pouvoir en supporter la simple idée : on en fait une question de conscience et un reproche à l'existence toute entière.»

Le gai savoirNietzsche. Gallimard Idées (1950) 

mercredi 8 mai 2024

PBF 2024.13 : Fière d'être Olympe de Gouges

Mercredi 8 mai 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque accueille Monique Calinon pour sa chronique Fière de lettres. Aujourd'hui, elle nous dresse le portrait d'une vraie révolutionnaire, Olympe de Gouges. Nous l'avons intitulé : Fière d'être Olympe de Gouges. Cette chronique est précédemment parue dans la version numérique de Libération.

Cette émission de RadioRadioToulouse est diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps et du monde sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Qui est homo extrait du Stabat mater (Antonio Vivaldi) Caroline Champy-Tursun / Ensemble baroque de Toulouse / Michel Brun
2) L'escalier (Imago)
3) L'innocence (Arthur H.) 
4) les petites filles (Michèle Bernard)
5) Le lac Saint-Sébastien (Anne Sylvestre)
6) Boys and girls (Bryan Ferry) Brian Ferry jazz orchestra
7) Elevation pour la paix (Marc-Antoine Charpentier) Les Passions / Jean-Marc Andrieu
8) Hotel California (The Eagles) Jake Shimabukuro / Earl Klugh

+ Chronique Fières de lettres de Monique Calinon : Olympe de Gouges, le courage tout azimut

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/fière-dêtre-olympe-de-gouges-la-petite-boutique-fantasque

Sus aux Philistins !

Photographie de Mrs Stewart sur une moto Rudge (Gallica)
 

Dictionnaire additif (6) pour poème-continuum


 

«Don de soi-même. Il est de nobles femmes qui, manquant de certaine ressources d'esprit, ne savent pas trouver d'autre moyen pour exprimer leur plus grand abandon que d'offrir leur vertu, leur pudeur : c'est leur trésor le plus précieux. Et il n'est pas rare que ce don soit accepté sans que le bénéficiaire s'en trouve aussi fort obligé que le supposait la donatrice ;... une bien mélancolique histoire !»

Le gai savoirNietzsche. Gallimard Idées (1950) 

Musique à Toulouse 12 avec Caroline

Tisane et kro télé. Merle moqueur

«- Le genre de l'homme est la volonté, celui de la femme la soumission,... telle est la loi des sexes, eh oui ! une dure loi pour la femme ! Tous les humains sont innocents de leur existence, mais les femmes le sont en seconde puissance : qui donc saurait avoir pour elle assez de douceur, assez d'huile ?

- Que nous chaut l'huile ? Que nous chaut la douceur ? répondit quelqu'un de la foule : Il faut mieux élever les femmes ! 

- Il faut mieux élever les hommes dit le sage et il fit signe au jeune homme de le suivre.. 

Mais le jeune homme ne le suivit pas.»

Le gai savoirNietzsche. Gallimard Idées (1950) 

Musique à Toulouse 11 : Cantates sans filet

 

Cantate Bwv 12 Jean-Sébastien Bach. Ensemble baroque de Toulouse. Michel Brun

«Ce qui manque à le femme doit être expié par l'homme et corrigé en lui... car c'est l'homme qui se crée l'image de la femme et la femme qui se modèle ensuite sur cette image

Le gai savoirNietzsche. Gallimard Idées (1950) 

dimanche 5 mai 2024

Réminiscence personnelle (72)

«105

«En tous lieux de ma vie, en toutes situations et rapports avec autres, j'ai toujours été, pour tous un intrus. A tout le moins, toujours un étranger. Au milieu de parents, comme de connaissances, j'ai toujours été ressenti comme quelqu'un d'extérieur. Je ne dis pas que j'ai été tenu pour tel, même une seule fois, après réflexion. Mais je l'ai toujours été spontanément pour la majeure partie des gens.

J'ai toujours été, partout et par tous, traité avec sympathie. Peu de gens je crois, auront aussi peu eu droit à un haussement de ton, un sourcil froncé, un éclat de voix ou un sous entendu. Mais la sympathie avec laquelle j'ai été traité a toujours été exempte d'affection. Pour les plus naturellement intimes, j'ai toujours été un hôte, qui donc, en tant qu'hôte, est bien traité, mais avec cette attention que l'on doit à un étranger, et l'absence d'affection que mérite un intrus.

[...] »

Livre(s) de l'inquiétude : Vicente Guedes, Baron de Teive, Bernardo SoaresFernando Pessoa. Christian Bourgeois éditeur (2018)

samedi 4 mai 2024

Visionnage domestique toulousain (186)

Pour l'éternité. Roy Andersson (2019)

«120

[...] 

Elles ont dépassé le tournant de la route, toutes ces jeunes filles. Elles chantaient en chemin, et le son de leurs voix était heureux. Je ne sais qui elles pouvaient bien être. Je les ai écoutées un moment de loin, sans y investir de sentiment personnel. Une amertume à leur égard s'est manifestée dans mon coeur.

Concernant leur avenir ? Concernant leur inconscience ? Pas  cause d'elles directement -ou qui sait ? peut-être seulement à cause de moi.»

Livre(s) de l'inquiétude : Vicente Guedes, Baron de Teive, Bernardo SoaresFernando Pessoa. Christian Bourgeois éditeur (2018)

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (70)

«La Jeune-Fille n'existe qu'à proportion du désir que l'on a d'elle, et ne se connaît que par ce que l'on dit d'elle.»

Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-FilleTiqqun. Mille et une nuit. (2001)

photographie : Barbara, Saul Leiter (1955)



mercredi 1 mai 2024

«Il [le poète] ne peut plus méditer. Il a une indigestion de mauvais vers blancs et de désillusions amères.»

Erik SatieJean-Pierre Armengaud. Fayard (2009)