«La tragédie lyrique, constitue, depuis Lully, une sorte d'«exception culturelle» française, car toute l'Europe pratique plus ou moins l'opera seria à l'italienne ; elle est née de l'amalgame conflictuel de trois éléments.
Le premier est la tragédie, à la manière de Corneille et de Racine, les grands modèles français, mais surtout de leurs émules précieux, Quinault (le librettiste de Lully) ou Thomas Corneille. L'opéra français gardera toujours un complexe d'infériorité vis-à-vis de la tragédie avec l'obsession de rivaliser avec elle. Le second élément, contradictoire, c'est le goût du «merveilleux», de la féerie sous deux aspects, mythologique et magique, avec tout ce que cela peut mettre en jeu ; machineries, accessoires, changements de décors, truquages... Le troisième élément ( le seul qui rapproche la tragédie lyrique de l'opera seria), c'est le goût du romanesque, des intrigues et des aventures sentimentales. Cet aspect est souvent inspiré des grandes oeuvres littéraires italiennes et baroques du Tasse et de l'Arioste. A ces trois éléments thématiques ajoutons l'indispensable présence du ballet.»
Dardanus de Jean-Philippe Rameau : texte de présentation du compact-disque Dardanus par Marc Minkowski et les Musiciens du Louvre. Philippe Beaussant. Archiv (2000)
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