«Le prolétariat tient pour l'humanité contre les pouvoirs ; cela est à considérer. Et cela fait voir que la première éducation n'importe pas tant que le métier pour former l'esprit. Il est clair que le prolétaire en ses études, n'a point participé aux humanités. Ses maîtres non plus. Bien mieux l'enseignement primaire se trouve être, par l'effort continu des pouvoirs, le plus strictement national et le plus strictement civique. Remarquons qu'il est en même temps étranger à toute religion, ce qu'on ne pourrait dire de l'enseignement classique ; car, par les poètes et les penseurs de tous les temps, ce dernier enseignement apporte toutes les formules traditionnelles de la théocratie, resserrées, touchantes et fortes. Par là, sans doute les faibles influences des deux enseignement se trouvent à peu près équivalentes pour orienter les opinions proprement politiques, l'une moderne et résultant de l'humanité telle qu'elle est devenue, l'autre surtout historique et ressuscitant les lentes préparations. Par ces deux méthodes, et en leur supposant la plus grande efficacité, le prolétaire est mieux assuré de l'état présent, et le bourgeois est plus pieux à l'égard du passé.»
Mars ou la guerre jugée. Alain. Editions Gallimard (1936)
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