«La position particulière des femmes sur le marché des biens symboliques explique l'essentiel des dispositions féminines : si toute relation sociale est, sous un certain rapport, le lieu d'un échange dans lequel chacun livre à l'évaluation son apparaître sensible, la part qui, dans cet être-perçu, revient au corps réduit à ce que l'on appelle parfois le "physique" (potentiellement sexualisé), par rapport à des propriétés moins directement sensibles, comme le langage, est plus grande pour la femme que pour l'homme. Tandis que, pour les hommes, la cosmétique et le vêtement tendent à effacer le corps au profit de signes sociaux de la position sociale (vêtement, décorations, uniforme, etc.), chez les femmes, ils tendent à l'exalter et à en faire un langage de séduction. Ce qui explique que l'investissement (en temps, en argent, en énergie, etc.) dans le travail cosmétique soit beaucoup plus grand chez la femme.»
La Domination masculine. Pierre Bourdieu. Editions du Seuil (1998)
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