«Et puis je ne supporte pas, ces orphelins qui geignent sur eux-mêmes ! Il n'y a rien de plus détestable que ce rôle, quand les orphelins, de naissance illégitime, tous ces jetés dehors, et, en général, toute cette saloperie envers laquelle, quoi qu'on dise, je n'ai aucune pitié, se dresse soudain devant le public et se met à gémir, d'un ton plaintif, mais didactique : " Regardez, n'est-ce pas, ce qu'on nous a fait !" Moi, ces orphelins, je les ferais fouetter. Il n'y en a pas un seul qui comprendrait, parmi tous ces moutons ignobles, qu'il est dix fois plus noble de se taire, au lieu de geindre, et ne pas faire l'honneur de se plaindre. Et si tu commences à le faire, l'honneur, alors, tiens, enfant de l'amour, c'est tout ce que tu mérites. Voilà ce que je pense !»
L'Adolescent. Fédor Dostoïevski. Actes Sud (1998)
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