Notre philosophe a un problème avec la reproduction de l'espèce. Ce qu'il évite, ce n'est pas le sexe, c'est la conséquence c'est à dire la prolifération de l'humain, cette volonté aveugle de persévérer dans son être, ce que Schopenhauer appelait la Volonté (avec majuscule), cette fureur de se perpétuer, qui dépasse nos volontés et nos pulsions individuelles. [Ce qui est dégoûtant, c'est le conatus, j'oserais dire le cunnatus*.] Toute espèce vivante veut grouiller, l'humanité n'y échappe pas. Mais en tant qu'individus, par un espèce de miracle, nous pouvons déclarer forfait. Cela s'appelle chasteté qui n'est pas négation du plaisir mais de la génération.
Qu'il vienne de l'intellect ou du bas-ventre, un plaisir en vaut un autre. Mais le sexe a ceci de particulier qu'il agite l'individu pour le profit de l'espèce. Nous nous bouchons les oreilles pour ne pas entendre dans nos discours amoureux, dans nos romances les plus raffinées, comme une basse continue, le mugissement de la Vie qui réclame son dû.
Dans le coït, l'homme se rabaisse au niveau de l'animal non parce qu'il y prend du plaisir mais parce qu'il obéit à son instinct de reproduction.
Il existe un moyen d'échapper à cette triste destinée.
C'est la philosophie.»
* Mot composé de conatus (effort de persévérer dans son être) et de cunnus (sexe féminin).
La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant. Jean-Baptiste Botul. Mille et une nuits (2000)
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