«C'est bientôt l'été. D'habitude on passe le mois de juillet avec maman à la mer, le mois d'août avec papa dans les Cévennes. Rituel immuable, mis en place depuis leur séparation, je devais avoir six ans. L'été 81 ne se passe pas comme ça. Tandis que ses amis vivent, j'imagine, un été assez joyeux - c'est quand même la première fois depuis 1936 que la gauche accède au pouvoir, tous les espoirs sont permis-, Robert, mon père, se réveille difficilement d'un coma de plusieurs semaines. On appelle cela un coma de troisième degré. Au mois d'avril -ou était-ce début mai ? Je me rends compte que j'ignore la date exacte-, il a essayé de mettre fin à ses jours en avalant tout ce qu'il avait sous la main. En principe, m'expliquent les médecins par la suite, il aurait dû y parvenir. Il n'avait à peu près aucune chance de survivre à l'absorption d'une dose aussi massive de médicaments.»
Le Jour où mon père s'est tu. Virginie Linhart. Editions du Seuil (2008)
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