«Un Allemand qui se rendait avec son fils à Toulouse au tombeau de Jacques en l'an 1020 s'arrêta en route dans la ville de Toulouse. L'hôte, chez qui ils logeaient enivra le père et cacha, dans son sac, un vase d'argent. Le lendemain, comme les pèlerins voulaient repartir, l'hôte les accusa de lui avoir volé un vase qui, en effet, fut retrouvé dans leur sac. Le magistrat devant qui ils furent conduits les condamna à remettre tout leur bien à l'hôte qu'ils avaient voulu dépouiller, et il ordonna, en outre, que l'un des deux eût à être pendu. Après un long conflit où le père voulait mourir pour son fils et le fils pour son père, ce fut le fils qui l'emporta. Il fut pendu, et le père, désolé, poursuivit son pèlerinage. Lorsqu'il revint à Toulouse, trente six jours après, il courut au gibet où pendait son fils, et commença à pousser des cris lamentables. Mais voilà que le fils, lui adressant la parole, lui dit : « Mon cher père, ne pleure pas, car rien de mauvais ne m'est arrivé, grâce à l'appui de Saint-Jacques qui m'a toujours nourri et soutenu ! » Ce qu'entendant, le père courut vers la ville ; et la foule détacha de la potence son fils, qui se trouva en parfaite santé ; et ce fut l'hôte qu'on pendit à sa place.»
La Légende dorée : Saint-Jacques Majeur. Jacques de Voragine. Éditions du Seuil (1998)
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