«Récapituler. Jusqu'à ce qu'elle m'aperçoive, éclairé par les phares de la voiture qui remonte l'allée, encore. Ressac, dans l'intervalle, de tout l'espace reconverti, franchi vers ses limites accessibles, renversées, toutes proches. Reprendre à soi toute l'étendue de la nuit traversée. Profusion. Inoubliable matière de vide galactique. Nuit sur nuit, contre plaquée. Il fallait guetter, interminablement, avant d'apercevoir la lumière blanche d'une étoile, résidu gazeux, tourbillonnant autour d'un noyau minuscule. Puis venaient les comètes, rattrapées, les planètes mortes, gelées, aux énormes cratères de météorites. Plus rien à nouveau. Le voyage continuait. Il fallait économiser les visions, les solliciter seulement quand, à force de s'enfoncer dans les ténèbres toujours plus denses, le risque s'augmentait de la déperdition, de la dissolution de la conscience, de l'attention permettant de rétablir ce salon, au coeur de l'astronef, à la fois lieu de séjour et poste de pilotage. Les fauteuils, les chaises, le guéridon, les tableaux accrochés aux murs, le canapé, et surtout celle qui avait consenti à l'accompagner (à moins que je n'aie consenti à la suivre) m'aidaient à supporter la situation actuelle.»
Les Aventures d'une jeune fille. Jean-Edern Hallier. Editions du Seuil (1963)
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