«Versailles, le 8 février 1690
... La pauvre Dauphine est de nouveau bien mal. Elle est maintenant entre les mains d'un capucin que l'on nomme frère Ange. On la tue à force de déboires. On fait tout ce qu'on peut pour me réduire au même état ; mais moi je suis une noix plus dure, à casser que Mme la Dauphine...
Marly, le 21 avril 1690
Hélas, hier à sept heures et quart j'ai vu mourir la chère et pauvre Dauphine... Avant-hier à onze heures du soir, quand nous venions de nous lever de table, elle dit qu'il était temps qu'on lui donne l'extrême-onction, qu'elle avouait ressentir une terreur extrême de se savoir si près de la mort mais qu'elle ne s'en soumettait pas moins à la volonté de Dieu soit pour la vie soit pour la mort. Elle se mit à prier, puis elle fit appeler M. de Maux, que Votre Dilection connaît, c'est le même qui précédemment s'appelait M. de Condom. Elle lui ordonna de dire bien haut qu'au cas où elle aurait causé du chagrin à qui que ce fût, elle en demandait pardon. C'était bien inutile, car de sa vie la pauvre princesse n'a affligé personne. Puis M. de Maux ajouta qu'elle pardonnait aussi de tout coeur à ceux qui l'avaient offensée. Ça c'était plus difficile, car on ne saurait s'imaginer quels procédés on a eus avec la pauvre princesse durant sa vie... Le lendemain à sept heures elle fit chercher le roi et M. le Dauphin. Elle parla longuement au roi, lui recommanda Mme de Besola sa favorite ainsi que tous ses domestiques...Puis elle fit chercher ses enfants, leur fit une exortation et leur donna sa bénédiction ; le Duc de Bourgogne était très touché, il pleurait presque aussi fort que moi...
Lettres de Madame duchesse d'Orléans, née princesse Palatine. Mercure de France : Le temps retrouvé. (1981)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire