«Ils ont remué devant moi un tison fascinant, celui de l'action. Ils m'ont fait croire qu'ils s'étaient arrachés à la foule inerte qui comble ce temps. Mais Caël est plus lâche qu'un boursier. Leur esprit est un inénarrable carambolage de riens. Des ignorantins sans réflexion, sans doctrine, sans être. Des charlatans qui simulent, avec des petits trucs infimes, le drame humain dont ils ont ouï-dire. Ils se sont mis sur le dos la défroque des docteurs et des prophètes. Ils ne pensent à rien, ils ne savent rien, ils ne veulent rien, ils ne peuvent rien. Mais ils avaient mis la main sur le tison de l'action. Trublions, intrigants maigres ambitieux, il leur suffisait de faire des étincelles autour d'eux. Ils ne pouvaient que simuler la puissance, et cette situation leur suffisait. Ils ont agité le tison de l'action devant nos yeux, et par ce simulacre ils se sont saisis du seul Paul. Ils ont voulu lui faire faire quelque chose, n'importe quoi, ils ne peuvent rien faire eux-mêmes. Ils ont obtenu seulement qu'il se détruise. Cette infâme singerie de puissance a réjoui leur esprit de singes ; pourtant à l'heure qu'il est ils en meurent de peur.»
Gilles. Drieu La Rochelle. Gallimard (1939)
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