«C'était ce métier qui m'avait aveuglée à la présence des autres, à ce que je leur devais : mais rien que ce bref contact me rappelait que cela avait été un beau métier. Oui, un très beau métier ! Aurais-je pu le pratiquer comme il convenait si je m'étais répandue en mondanités ? Aurais-je pu avancer tant soit peu dans la tâche qui était la mienne, si j'avais vraiment essayé de m'adonner à des activités pratiques, d'être élégante, de m'occuper des autres ? Ceux-là mêmes qui m'entouraient, et qui avaient le plus souffert de mon attitude, m'avaient, de leur plein gré, laissée évoluer en ce sens ; ils m'avaient choisie telle que j'étais, ils m'avaient aidée à faire ce que je croyais bien et que j'aimais. Ils avaient dû, certainement, éprouver même quelque sympathie pour le zèle avec lequel je m'y adonnais. Ils méritaient mieux de ma part, cela est sûr ; mais ils m'avaient laissée, sciemment, m'adonner à cette passion, même à leur détriment.»
Les Roses de la solitude. Jacqueline de Romilly. Editions de Fallois (2006)
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