«Morgane est le chaos, me dit Arthur. Un chaos où s'anéantit toute finalité, où le bâtisseur méticuleux et acharné qui a reçu en héritage ce souci impérieux du but se perd en délices. Morgane est l’obsession des sens qui tue dans la pensée l'obsession du projet. Elle est le présent absolu qui ronge le fragile devenir. Son esprit est un ravage, et je hais son esprit, adorant chaque parcelle de sa chair, la moindre ébauche de son mouvement qui est comme une danse infinie de grâce et de mort. Et cependant je vois bien que sa chair n'est que matière soyeuse et inouïe de son esprit, que les deux sont une seule et même chose et que la séduction de cette enveloppe à quoi rien dans la nature ne peut se comparer n'est que l'interprète harmonieux d'une séduction mille fois plus puissante, née du faste calculé d'une intelligence sublime et pervertie.»
Merlin. Michel Rio. Éditions du Seuil (1989)
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