«Les ouvriers penchés soucieux de faire tout le plaisir possible aux machines vous écœurent, à leur passer les boulons au calibre et des boulons encore, au lieu d'en finir une fois pour toutes, avec cette odeur d'huile, cette buée qui brûle les tympans et le dedans des oreilles par la gorge. C'est pas la honte qui leur fait baisser la tête. On cède au bruit comme on cède à la guerre. On se laisse aller aux machines avec les trois idées qui restent à vaciller tout en haut derrière le front de la tête. C'est fini. Partout ce qu'on regarde, tout ce que la main touche, c'est dur à présent. et tout ce qu'on arrive à se souvenir encore un peu raidi aussi comme du fer et n'a plus de goût dans la pensée.
On est devenu salement vieux d'un seul coup.»
Voyage au bout de la nuit. Louis-Ferdinand Céline. Éditions Gallimard (1952)
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