«- Moi, ce que je dis au fond, c'est par sens de la mesure : ça ne valait pas la peine de faire ce raffut, c'est la mesure qui a été rompue. On se tait pendant un mois entier, on rassemble ses forces, et, d'un seul coup -rien !
- Je voulais raconter longtemps, mais j'ai déjà honte d'avoir raconté ça. Les mots, ils ne peuvent pas tout dire, il y a des choses qu'il vaut mieux ne jamais raconter. Moi tenez, j'en dis assez, et, vous, n'est-ce pas, vous m'avez pas compris.
- Ah, toi aussi, ça t'arrive de souffrir que la pensée n'entre pas dans les mots. C'est une souffrance noble, mon ami, elle n'est donnée qu'à des élus ; les imbéciles sont toujours contents de ce qu'ils ont dit, et, en plus, ils en disent toujours beaucoup plus qu'il ne faut ; c'est le surplus qu'ils aiment.»
L'Adolescent. Fédor Dostoïevski. Actes Sud (1998)
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