«Dans ces temps que les écrivains sacrés ont nommé les Anciens jours, les hommes, encore simples et timides, contemplèrent avec une vénération mêlée de crainte, les montagnes qui couronnent notre Planète, et dont les chaînes immenses et escarpées offrent aux regards des contours mâles et sévères, et une sauvage et sombre majesté. Ils divinisèrent les Hauts-Lieux, honorant ainsi, dans quelques-unes de ses parties les plus remarquables, la Nature, ou la Première des Causes. A une époque moins reculée, la riante mythologie des Grecs peupla les monts de Déités nombreuses. Le trône de Jupiter reposait sur le sommet de l'Olympe ; Diane chérissait les cimes du Taygète, et se plaisait à lancer des traits, à former des danses et des jeux sur les montagnes ; les Muses habitaient le Parnasse ; les Oréades embellissaient par leur présence, et les plus âpres rochers, et les collines les plus fertiles ; mais un culte nouveau fit disparaître les fables des premiers siècles : à ces douces illusions, à ces récits enchanteurs qui enflammaient le génie poétique, qui présidaient aux plus sublimes conceptions, qui faisaient naître les plus brillantes images, la science a substitué ses méditations profondes, ses tristes mais utiles vérités. Elle n'a voulu voir dans la matière que la matière elle-même : elle en a étudié avec succès les formes et les agrégations diverses ; et, sans méconnaître la main puissante qui sema la vie et la fécondité sur la terre, elle a reconnu que des formations différentes ont changé ou modifié la surface du globe ; elle a retrouvé les signes certains de ces formations sur les Andes, sur l'Atlas, sur la Caucase, sur les Alpes ; et c'est dans l'une des plus grandes chaînes de monts qui existent en Europe que nous allons les rencontrer encore.»
Statistique générale des départemens pyrénéens, ou des provinces de Guienne et de Languedoc. Alexandre du Mège. Treuttel et Wurtz (1828)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire