«Cette nuit-là, je fis des cauchemars les plus horribles. Pas étonnant : toute la soirée j'avais été oppressé par les souvenirs de mes années de bagne à l'école, je ne pouvais m'en détacher. J'avais été fourré dans cette école par de lointains parents dont je dépendais et dont je n'ai eu par la suite aucune nouvelle - ils m'avaient fourré là, orphelin, déjà complètement écrasé par leurs reproches, déjà méditatif, ne disant rien et lançant un regard farouche sur tout. Mes camarades m'avaient accueilli par des moqueries méchantes et sans pitié parce que je ne ressemblais à aucun d'eux. Mais je ne pouvais pas les supporter, les moqueries, je ne pouvais pas m'y faire d'une façon si lâche, comme eux, ils se faisaient les uns les autres. Je les avais haïs immédiatement et je m'étais muré de tous dans un orgueil craintif, blessé et incommensurable.»
Les Carnets du sous-sol. Fédor Dostoïevski. Babel - Actes Sud (1992)
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