«On voyait arriver des banquiers en fuite, aux cheveux grisonnants et accompagné de leur femme, des hommes d'affaires avisé qui avaient laissé à Moscou des fondés de pouvoir chargés de garder la liaison avec le nouveau monde qui était en train de naître dans l'empire moscovite, des propriétaires qui avaient confié leurs immeubles, secrètement, à des intendants fidèles, des industriels, des marchands, des avocats, des hommes politiques. Des journalistes de Moscou et Saint-Petersbourg, vendus, cupides et lâches. Des cocottes. Des dames honnêtes, de familles aristocratiques. Leurs tendres filles, pâles débauchées pétersbourgeoises aux lèvres peintes de carmin. Des secrétaires de directeur de cabinet, de jeunes pédérastes actifs. Des princes et des grippe-sou, des poètes et des usuriers, des gendarmes et des actrices des théâtres impériaux. Cette foule, se glissant par les fissures, faisait route vers la Ville.»
La Garde blanche. Mikhaïl Boulgakov. Editions Robert Laffont (1993)
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