«Mais il avait une foule de toutes sortes de parents éloignés, essentiellement du côté de sa défunte femme, lesquels, tous, étaient presque dans la misère ; en outre, une multitude de toutes sortes de pupilles, garçons, et surtout filles, qu'il avait entretenus et qui, tous, attendaient des petites parts de son héritage, et c'est pourquoi tout le monde aidait la générale à avoir l'oeil sur le vieil homme. Il avait, en plus, une bizarrerie, depuis sa prime jeunesse, je ne sais pas seulement si elle était comique ou pas : celle de trouver des maris à des jeunes filles pauvres. Il les mariait depuis déjà vingt-cinq ans -soit des parentes éloignées, soit des belles filles de je ne sais quels cousins germains de sa femme, soit des filleules, il avait même marié la fille de son portier. Il commençait par les prendre chez lui, sous son toit, encore fillettes, il les faisait élever par des gouvernantes et des Françaises puis leur donnait une éducation dans les meilleurs établissements, et, à la fin, il les mariait avec une dot. Tout cela grouillait autour de lui à chaque seconde. Les pupilles, on comprend bien, une fois mariées, mettaient au monde d'autres fillettes, toutes les fillettes mises au monde cherchaient aussi à devenir pupilles, il devait être parrain à tour de bras, il devait souhaiter les fêtes de tout le monde, et tout cela lui plaisait beaucoup.»
L'Adolescent. Fédor Dostoïevski. Actes Sud (1998)
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