«Narcense et Potice suivent une femme. C'est là d'ailleurs la principale activité de Potice qui multiplie les conquêtes. Conformiste et bienveillant, il ne méprise pas ses semblables et s'en occupe le moins possible. Il a horreur des grands événements qui troublent ses agissements. Le jour d'aujourd'hui lui paraît aussi bon, ou meilleur, que le jour d'hier ; il ne sait pas au juste, il n'y songe guère. Mais il ne pleure pas après demain. Il collectionne les femmes.
Narcense, lui, est artiste ; ni peintre, ni poète, ni architecte, ni acteur, ni sculpteur, il joue de la musique, plus exactement du saxophone ; et cela dans les boîtes de nuit. En ce moment, il est d'ailleurs sur le pavé et cherche à gagner son pain à la force de ses capacités, mais il n'y parvient pas. Il commence à s'inquiéter. Ce jour-là, vers les quatre heures, il a rencontré son vieil ami Potice qui l'a entraîné derrière une femme qu'il a choisie au milieu de milliers d'autres ; il ne l'a vue que de dos ; le visage est incertain. Un risque. Cinq heures. Narcense et Potice sont très parisiens. Ils suivent les femmes à cinq heures.»
Le Chiendent. Raymond Queneau. Gallimard (1933)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire