«A Rodez et à Ivry , Artaud parsème cahiers et dessins de glossolalies, groupe de syllabes sans rapport avec le lexique et la grammaire des langues connues. D'une façon générale, Artaud les dispose ostensiblement sur la page du cahier et du dessin, ou selon une typographie particulière sur l'imprimé. Proférées à haute voix, elles constituent un cas de création verbale oralisée dont certains enregistrements originaux restituent la performance. Cet usage manifestement poétique des glossolalies par Artaud s'ajoute à la stricte dimension délirante de leur production, étudiée par les psychiatres. Expression, ou plutôt expulsion, d'une force de subversion du langage par le corps, on songe encore à leur sujet à l'explosion sonore du théâtre de la Cruauté pensé par Artaud sur le modèle de "l'athlétisme affectif" de l'acteur sommé de travailler le souffle et la voix : "Le secret est d'exacerber ces appuis comme une musculature que l'on écorche. Le reste est achevé par des cris."»
Antonin Artaud. Guillaume Fau. Bibliothèque Nationale de France / Gallimard (2006)
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