«Ce désir voyeur de savoir, toujours déçu, c'est ce qui animait les savants du siècle dernier, qui jouaient volontiers les ascètes dans leur vie professionnelle : pas de femme au labo, ou à la faculté, pas de sexe, rien que la Vérité.
On connait le revers de ce genre d'ascétisme : le bordel. La Vérité qu'on voudrait toute nue à travers l'expérience et la spéculation, on ira la contempler, enfin, entre les jambes de la prostituée, professionnelle de la "chose en soi". Nos aïeux ont d'ailleurs vendu la mèche. Contemplez le décor de leurs facultés, de leurs amphithéâtres. Partout, du mur au plafond, des femmes nues ou en petite tenue. Muses, déesses et nymphes déshabillées des fresques de la Sorbonne sortent tout droit d'un salon de bordel. L'artiste a seulement épilé la chose en soi de ces filles qu'on a rebaptisées Raison, Tempérance, Justice, Vertu pour les besoins du métier, mais qui dans le civil, s'appelaient Mimi, Lulu, Kiki, Fernande, etc.»
La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant. Jean-Baptiste Botul. Mille et une nuits (2000)
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