«Lorsque le mot d'Ulrich arriva, Walter et Clarisse jouaient de nouveau avec tant de violence que les meubles " Arts déco" dansaient sur leurs jambes grêles et que les gravures de Dante-Gabriel Rossetti tremblaient aux murs. Le vieux commissionnaire qui avait trouvé la maison et l'appartement ouverts et était entré sans voir personne reçut tonnerre et éclairs en pleine figure quand il pénétra dans la chambre ; le vacarme sacré où il était tombé le colla respectueusement au mur. Ce fut Clarisse qui, finalement, de deux puissants accords, soulagea la tension musicale qui continuait à croître, et le délivra. Tandis qu'elle lisait le message, l'effusion interrompue continuait à s'arracher douloureusement aux mains de Walter ; une mélodie s'enfuit, claudiquant comme une cigogne, puis étendit ses ailes. Clarisse observait cela avec méfiance tout en déchiffrant le mot d'Ulrich.»
L'Homme sans qualités. Robert Musil. Éditions du Seuil (1956)
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