«La musique à programme, disait le maître, ces morceaux colorés du XIXe siècle ont été délaissés comme la peinture figurative ou le roman d'action pour une musique plus épurée, moins pittoresque. Et si, pour la peinture, la photographie a pris la place, si pour la littérature, le cinéma a pris la place, pour la musique, on se demande d'où vient ce mouvement du concret vers l'abstrait, car rien n'a remplacé ces morceaux où l'auteur précisait de quoi il s'agissait, les aventures de Sindbab le marin dans Shéhérazade, les scènes au bord du ruisseau de la Symphonie pastorale, rien ne les a remplacés si bien qu'on pourrait croire cette évolution inhérente à tout art, que l'art se donne pour objet de représenter le monde ou le décrire, puis dans un deuxième temps de se représenter lui-même. Ainsi la peinture parle de la peinture, la littérature de la littérature et la musique de la musique.»
Conversations avec le maître. Cécile Wajsbrot. Denoël (2007)
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