«L'esprit philosophique de Botul en tient compte : convaincu que Landru a effectivement tué, mais sans que le moindre cadavre puisse révéler qui il a tué, Jean-Baptiste voit en lui l'incarnation (peut être sous l'influence de Nietzsche) d'une volonté. Sauver Landru, fût-ce malgré lui (les conseils de Botul, subtilement, prennent en compte le désir inconscient, chez l'accusé, d'être puni pour avoir obstinément nié l'évidence), ce serait démontrer que l'on peut être à la fois nuisible et innocent, autrement dit : incondamnable. Le philosophe récuse l'idée banale du "monstre", il s'évertue à construire une transcendance du crime que Landru, de toute évidence, n'a jamais envisagée. Prisonnier de ses propres dénégations, et sans doute peu rompu aux stridences de la pensée pure, l'assassin reste sourd à ces conseils qui l'eussent sans doute point empêché de voir sa tête rouler dans un panier d'osier. Mais il l'eût fait d'un regard différent.»
Landru, précurseur du féminisme : correspondance inédite 1919-1922. Henri-Désiré Landru et Jean-Baptiste Botul. Mille et une nuits (2001)
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