«I.1 César voyant à Rome de riches étrangers qui portaient dans leurs bras des chiots et des petits singes et les couvraient de baisers, leur demanda, parait-il, si dans leur pays, les femmes ne faisaient pas d'enfants. C'était là une façon bien militaire de critiquer ceux qui gaspillent, pour des animaux, le penchant naturel à aimer et à nous attendrir que nous portons en nous et que nous devons réserver aux être humains. Or puisque notre âme a également reçu de la nature le désir d'apprendre et de contempler, ne doit-on pas à juste titre blâmer ceux qui en font mauvais usage, qui écoutent et contemplent des réalités indignes de la moindre attention, alors qu'il négligent le beau et l'utile ? Nos sens, qui subissent l'impression de tout ce qui s'offre à eux, sont forcés d'appréhender tous les objets qui se présentent, que cette perception soit utile ou non. Mais quand il s'agit de l'entendement, la nature a donné à chacun , s'il le veut, la possibilité d'en faire usage pour se tourner et se diriger tour à tour, très facilement vers ce qui lui semble bon. Nous devons donc rechercher ce qu'il y a de meilleur, non seulement pour le contempler, mais aussi pour nous nourrir de cette contemplation. La couleur qui convient le mieux aux yeux est celle qui, par son éclat et son agrément avive et recrée le regard ; on doit, de la même manière, offrir à la pensée des spectacles qui la charment et l'attirent vers le bien qui lui est propre.»
Vies parallèles : Périclès. Plutarque. Quarto Gallimard (2001)
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