«La conception du corps très-pur de Marie se fit en un jour de dimanche, correspondant à celui de la création des anges dont elle devait être la reine et la souveraine. Et bien que selon l'ordre commun, les autres corps aient besoin de plusieurs jours pour être entièrement organisés, afin que l'âme raisonnable y soit infuse, néanmoins dans cette occasion le temps nécessaire fut considérablement abrégé, et ce qui se devait opérer naturellement en quatre-vingts jours, se fit avec plus de perfection en sept. Le samedi suivant, le plus proche de cette conception, le Très-Haut créa l'âme auguste qu'il Unit à son corps. C'est ainsi qu'entra dans le monde la créature la plus pure, la plus parfaite, la plus sainte et la plus belle que Dieu ait jamais créée et qu'il doit créer jusqu'à la fin des temps. C'est à cause de ce mystère que le saint esprit a ordonné que l'église consacrerait le samedi à la très-sainte Vierge, comme le jour auquel elle avait reçu le plus grand bienfait, lorsque son âme très-sainte fut créée et unie à son corps, sans que le péché originel ni le moindre de ses effets s'y trouvassent. Le jour de sa conception que l'église célèbre aujourd'hui, n'est pas celui de la conception du corps, mais celui de l'infusion de l'âme sans aucune trace du péché originel. A l'instant de l'infusion de l'âme la très sainte trinité répéta ces paroles proférées à la création de l'homme, faciamus hominem ad imaginem et similitudinem nostram: par la vertu de ces divines paroles, l'âme très-heureuse de Marie fut remplie de grâces, de dons, de privilèges et de faveurs pardessus les premiers des Séraphins, avec l'usage le plus parfait de la raison qui devait être proportionnée aux dons de la grâce qu'elle recevait. Alors le Seigneur répéta les paroles prononcées par lui lors de la création, et erant valdè bona, témoignant ainsi la rare complaisance qu'il prenait dans cet ouvrage si glorieux. Au temps de l'infusion de l'âme dans le corps, le Très-Haut voulut que sainte Anne ressentit et reconnut d'une façon très relevée la présence de la Divinité. Elle fut remplie du saint Esprit et ravie en une extase très sublime, où elle reçut de très hautes connaissances des mystères les plus cachés. Cette allégresse et cette joie toute spirituelle ne furent pas passagères, mais durèrent tout le reste de sa vie quoiqu'elles fussent plus fréquentes pendant qu'elle gardait dans son sein le trésor du ciel.»
Vie divine de la Très-Sainte Vierge Marie. Marie d'Agréda. Paris, 1853
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