«Imaginez quelqu'un qui oserait aujourd'hui reprendre à son compte les blasphèmes par exemple de Saint-Augustin dans la Cité de Dieu sur le "péché de l'enfance". Non, c'est presque impossible à supposer ; personne n'aurait l'audace actuellement de récrire des phrases comme celle-ci : "Si on lui laissait faire ce qu'il lui plaît, il n'est pas de crime où on le verrait se précipiter..." Est-il supportable ou même pensable de considérer l'enfant comme le témoin à charge le plus accablant sur la malédiction lancée contre l'espèce humaine ? Dans les "Confessions", on trouve ceci qui mériterait de nos jours une censure immédiate : "J'ai été conçu dans l'iniquité, c'est dans le péché que ma mère m'a porté. Où donc, mon Dieu, où et quand ai-je été innocent ?" "Non, Seigneur, il n'y a pas d'innocence enfantine..." Et qu'on ne s'imagine surtout pas que cette position soit contradictoire avec l'attendrissement du Christ sur les enfants. Aux yeux de Saint-Augustin, ce ne sont pas les enfants en tant que tels mais les enfants comme figure de l'humilité (par leur petite taille) sur lesquels Jésus s'est penché...»
Le XIXe siècle à travers les âges. Philippe Muray. Editions Denoël (1999)
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