« Jeannette S[imon]
Un dimanche après-midi, je l'ai complètement déshabillée (avec d'ailleurs, je suppose, beaucoup de maladresse : comment dégrafer un soutien-gorge d'une seule main ; c'est depuis quelques mois que j'y parviens ; et d'ailleurs la mode ou mon choix -ou la fatalité ?- me portent vers des femmes qui ne portent pas de soutien-gorge ; et d'ailleurs on peut se demander pourquoi J[eannette] en portait-elle un !) : elle avait vraiment un corps de petite fille, la poitrine à peine marquée par des renflements, des longues jambes fuselées, un ventre à peine bombé, la taille à peine marquée, la strie nette du sexe sous une touffe de poils à peine bruns.
Je pense que c'était l'une des premières fois qu'elle était nue devant un homme et c'était certainement la première fois que la nudité d'une femme était aussi affirmée, aussi divine, contrastant tellement avec la nudité glauque des autres (rencontres furtives et inutiles, dans le noir, sous les draps).
Mais j'avais honte de ma nudité et d'ailleurs j'étais incapable d'aimer J[eannette]. Elle voulait rester vierge, elle voulait que je la force (et elle s'est angoissée de plus en plus que je ne le fasse pas) mais je n'ai pas essayé ; je la caressais (très superficiellement, je ne pense pas l'avoir fait jouir une seule fois) et je me laissais caresser.
Les éléments du système étaient en place : elle avait besoin de moi, elle s'offrait à moi et je la repoussais. Elle ne me fascinait pas ; elle ne cherchait pas à m'échapper. »











