Le blog-note d'Aimable Lubin : extension du domaine radiophonique des Muses galantes et de la Petite Boutique Fantasque
vendredi 28 février 2025
mardi 25 février 2025
«Je regardais effaré, ces corps enlacés dans l'acte de copulation, me posant enfin la question que j'avais si longtemps refoulée en moi : était-ce une chose que je voulais faire avec elle ? Si tant est que cela fût possible, et et supposant de sa part une certaine dose de désir, d'initiative et d'hardiesse. Mais l'aiguille magnétique de ma boussole intérieure, de mon moi -de ce que je prenais pour moi, ce avec quoi je m'identifiais-, se comportait bizarrement. Elle n'indiquait pas clairement non (le nord dans le secteur bleu), mais n'indiquait pas non plus oui (le sud dans le secteur rouge). Tout affolée, elle oscillait avant de s'immobiliser au milieu entre les deux (comme si je me trouvais sur l'un des pôles.»
Madame. Antoni Libera. Libretto (2016)dimanche 23 février 2025
lundi 17 février 2025
«Manicamp sortait de la petite vérole ; Briord était fort joli et fort honnête garçon, mais trop respectueux pour la dame à qui il avait à faire ; ainsi quoiqu'ils ne fussent point chassés tous deux, il n'y avait que Saint-Romain qui eût le solide, tout âgé et tout laid qu'il était, mais la nature l'avait récompensé ailleurs et de plus, il payait en beaux louis les faveurs de la belle.»
Mémoires. Comte Bussy-Rabutin. Mercure de France (2010)
PBF 2025.04 : La messe des petits crevés
Mercredi 19 février 2025 à 19H, la Petite Boutique Fantasque, une fois n’est pas coutume, nous propose une lecture qui a déjà été faite sur les ondes de la Radio Radio il y a quelques années. Mais Stéphane porte si bien la voix de Léon Bloy qu’il apporte encore plus dans sa lecture de la nouvelle tirée de Sueurs de sang, La messe des petits-crevés. Il s’agit d’une évocation de la guerre franco-prussienne de 1870 auquel Bloy a participé et qui l’a horrifié.
1) I need you (Nick Cave)
2) Birds of paradise (Carla Bley)
3) Always crashing in the same car (David Bowie) Philippe Jaroussky
4) Bande annonce de Spectateurs (Arnaud Desplechin)
5) Les gauloises bleues (Yves Simon)
6) Barcarolle n°1 (Gabriel Fauré) Lucas Debargue
7) Impromptu n°1 (Gabriel Fauré) Lucas Debargue
8) This is a girl (Patti Smith)
9) L'Amérique pleure (Cowboys fringants)
+ lecture de la Messe des petits crevés (Léon Bloy) par Stéphane
Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/messe-des-petits-crevés-la-petite-boutique-fantasque/
dimanche 16 février 2025
Réminiscence personnelle (82)
«Je sais bien qu'il faut aimer avec respect pour être aimé ; mais assurément, pour être récompensé, il faut entreprendre et l'on voit plus d'effrontés réussir sans amour que de respectueux avec la plus grande passion du monde [...]»
Mémoires. Comte Bussy-Rabutin. Mercure de France (2010)
«L'obscurité gagne peu à peu la cuisine. Hilde continue de parler. Elle raconte la chute de Berlin, l'occupation par les Soviétiques ; la famine, la mort, les viols ; sa chance d'avoir survécu, ne pas avoir sombré dans la folie comme tant d'autres. Elle raconte encore le retour des hommes, leur refus d'entendre l'enfer enduré par les femmes ; le silence désormais imposé aux Berlinoises ; l'obligation qui leur est faite d'oublier. Elle s'exprime sans la moindre sentimentalité, sas se plaindre et sans haine, comme s'il ne s'agissait pas d'elle mais d'une étrangère. Roxanne et Claire l'ont écoutée en silence, sans jamais l'interrompre. Elles savent que tout cela est vrai. Elles ont compris d'instinct qu'elles ne devaient pas exprimer de la compassion sous peine de blesser Hilde, peut-être de l'humilier. Enfin Hilde se tait.»
Mon enfant de Berlin. Anne Wiazemsky. Gallimard (2009)
mercredi 12 février 2025
Sextine de la place Pinel
Rien ne se vit place Pinel
Qui ne soit versé dans le Kiosque,
Mis dans le parapluie discret,
Puis dans le corps des promeneuses.
Le Canipark, le Boulodrome
Rien qui n’aille en le monument.
C’est le secret du monument
Cette mêlée que crée Pinel
Par la grâce du Boulodrome
Que tout oppose au jeu du Kiosque
Qu’offrit la Ville aux promeneuses,
Aux braconniers du sens discret.
Rien de plus vif que le discret,
Qui voue sa voix au monument.
Il ne fuit pas les promeneuses
Qui ont le temps place Pinel,
Avec des chiens autour du Kiosque,
Et contemplent le Boulodrome.
Boules roulent au Boulodrome.
Les tilleuls ont parfums discrets.
Les voix s’incarnent dans le Kiosque.
Chacune s’étonne au monument
Que rien ne soit place Pinel
Dont ne rêvent les promeneuses.
Comme il aime les promeneuses !
Mais combien plus le Boulodrome,
Tout le pays place Pinel !
Il est l’explorateur discret
Le musicien du monument,
Par lui se multiplie le Kiosque.
Telle est la force de ce Kiosque
Plus vide que les promeneuses
Et parlant comme un monument
Où les sons se font boulodrome
Grâce à l’architecte discret
Montariol qui fit Pinel.
Tornada
Entre Kiosque et Boulodrome
Promeneuses, regards discrets,
Par Monument vibre Pinel.
Marius Pinel
lundi 10 février 2025
31
«Toutes les fois que ses projets ont pris le pas, sous l'influence de mes rêves, sur le niveau quotidien de ma vie , et que pendant un moment, j'ai cru voler haut, comme un enfant sur une balançoire, toutes ces fois-là j'ai dû redescendre avec lui au niveau du jardin public, et reconnaître ma défaite, sans drapeau hissé pour le combat, ni épée que l'on eut la force de dégainer.»
[...]
Livre(s) de l'inquiétude : Vicente Guedes, Baron de Teive, Bernardo Soares. Fernando Pessoa. Christian Bourgeois éditeur (2018)
dimanche 9 février 2025
samedi 8 février 2025
Réminiscence personnelle (81)
«Pendant ce temps-là, dans une autre contrée, connue sous le nom de Drittes Reich, où le diable avait également pris ses quartiers, une nouvelle meute de sorcières célébrait le sabbat. Des immenses places encadrées d'édifices gigantesques, une myriade de torches brillant dans la nuit, et là, les foules saisies d'extase collective, chauffées à blanc... Des haut-parleurs qui éructent des mots d'ordre exaltants : Lebenraum pour le peuple germanique, pour le Herrenvolk ! Le IIIe Reich durera mille ans ! Weg mit den Juden und Slaven ! Le monde nous appartient !
Et le rouge des drapeaux... comme in présage du sang qui allait couler à flots. Là-bas,le marteau et la faucille jaunes, et ici - les crocs noirs de la svatiska.
Et le monde pendant ce temps-là ? Et bien, il allait son petit bonhomme de chemin, indolent, insouciant. Les défilés, les divertissements joyeux, les orchestres de jazz... On ne voulait rien savoir. Rien entendre. Chacun était trop pris par ses propres psychodrames ou pieusement agenouillé dans les temples de l'art moderne. Et tout cela cerné de désespoir,comme imprégné d'un désir éperdu de mort. Quand je me retourne sur le passé, quand je revois cette époque, que je me revois moi-même, je me rends compte à quel point moi aussi j'étais contaminé. Les expéditions en montagne, la conquête des sommets, le voluptueux frisson du risque, le mont Blanc, le toit du monde -tout cela n'était qu'un fuite en avant. Une évasion dans l'air pur et raréfié, vers le soleil et le ciel bleu, vers les espaces lointains.»
Madame. Antoni Libera. Libretto (2016)
vendredi 7 février 2025
Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (79)
Réminiscence personnelle (80)
24
«Je ne sais si c'est à moi seul que cela arrive, ou si c'est à tous ceux que la civilisation a fait naître une seconde fois. Mais il me semble que pour moi et pour ceux qui sentent la même chose que moi, l'artificiel est devenu le naturel, et c'est le naturel qui devenu étrange. Je bannis et déteste les véhicules, je bannis et déteste les produits de la science -téléphone, télégraphe- qui rendent la vie facile ou les sous-produits de l'imagination -phonographes, récepteurs hertziens- qui la rendent amusantes à ceux qu'ils amusent.»
[...]
Livre(s) de l'inquiétude : Vicente Guedes, Baron de Teive, Bernardo Soares. Fernando Pessoa. Christian Bourgeois éditeur (2018)