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«Toute la journée, dans toute la désolation de ses nuages légers et tièdes, a été occupée par les informations annonçant une révolution. Ces nouvelles, vraies ou fausses, m'emplissent toujours d'un malaise particulier, mélange de dédain et de nausée physique. Cela fait souffrir mon intelligence que des gens pensent changer quoi que ce soit en s'agitant. La violence, quelle qu'elle soit, a toujours été pour moi une forme exorbitée de la stupidité humaine. Par ailleurs, tous les révolutionnaires sont stupides, comme le sont, à un degré moindre, parce que moins gênant, tous les réformateurs.
Révolutionnaire ou réformateur -l'erreur est la même. Impuissant à dominer et réformer sa propre attitude à l'égard de la vie, qui est tout, ou son être, qui est presque tout, l'homme se dérobe en cherchant à modifier les autres et le monde extérieur. Tout révolutionnaire, tout réformateur est un évadé. Combattre c'est ne pas être capable de se combattre soi-même. Réformer c'est ne pas avoir amélioration possible.»
Livre(s) de l'inquiétude : Vicente Guedes, Baron de Teive, Bernardo Soares. Fernando Pessoa. Christian Bourgeois éditeur (2018)
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