vendredi 27 décembre 2024

«Mais il y a en moi un double, un second François sensuel et violent qui tend les mains vers la vie  encore ignorée et que toutes les voluptés attirent. Il me dit : Ne renonce pas à ce que tu ne connais pas encore. Expérimente ! Ah ! Pauvres expériences que je veux faire et qui me dégoutent ! Contradiction douloureuse de mes aspirations et de mes bas désirs ! Puissance terrible que j'ai de me dédoubler, de tout accueillir, les plus hautes joies divines, les pires émotions humaines, et de ne pas choisir...»

Correspondance intimeFrançois Mauriac. Robert Laffont (2012)

Visionnage domestique (209)

Plaire, aimer et courir vite. Christophe Honoré (2018)

jeudi 26 décembre 2024

«Il faut d'abord être tout à fait persuadé que la monarchie apparaissait à tous comme le seul régime normal et juste, comme le seul régime pensable, et d'ailleurs traditionnel, d'un pays comme la France qui  n'était ni petit ni démesuré. Aux immenses empires, mal connus et redoutés autant que méprisés, mais heureusement fort lointains (la Moscovie, la Turquie, les Indes, la Chine, le Japon), on laissait les despotes cruels et tout-puissants, tsars, sultans, mogols ou empereurs. Ils connaissaient des régimes qu'on qualifiait de tyranniques, de non réglés, et qui ne pouvaient convenir à un vieux pays civilisé de tradition rurale, seigneuriale et chrétienne. Les théoriciens français de la monarchie dite absolue prenaient soin de montrer que cet absolutisme n'était pas despotique ; qu'il était limité et tempéré par un certain nombre de règles et de coutumes que nous retrouverons : par exemple, le respect de la morale, de la religion, de la propriété privée, de ce qu'on appelait liberté (c'est-à-dire l'interdiction de l'esclavage).»

Le siècle de Louis XIV. Pierre Goubert. Éditions de Fallois (1996)

mardi 24 décembre 2024

Visionnage domestique (208)

La belle personne. Christophe Honoré.(2008)
 

Pendant que j'allumais une autre cigarette
tu as quitté tes bas
assise au bord du lit
et maintenant tu n'oses pas
dans cette chambre où nous n'avons jamais dormi
lever les yeux sur moi
C'est soudain comme si le temps meurt ou s'arrête
un long alinéa
je m'approche du lit
et viens te prendre entre mes bras
dans cette douceur triste et qui nous engourdit
j'ai aussi peur que toi
Il y a au dehors des rumeurs vagabondes
nous ne nous en irons que pour un autre monde
A Londres c'est l'automne il est presque minuit.

Londoniennes. Louis Calaferte.Gallimard (1996)

lundi 23 décembre 2024

Couvertures de poche (5)



 

«Voyez-vous je crois que ce qui nuit au catholicisme, c'est que ses vrais fruits, sur lesquels il serait nécessaire que le monde les juge, sont cachés, invisibles -enfouis. Tout ce qui porte l'étiquette catholique (en littérature surtout) a quelque chose d 'arrogant, d'offensant. Le Christ quand il se retrouvait avec tel ou tel disciple plus subtil, peut-être brodait-il sur la parabole racontée au peuple et disait-il par exemple : "Tout bon arbre peut porter de mauvais fruits apparents et de bons fruits cachés..."»

Correspondance intimeFrançois Mauriac. Robert Laffont (2012)

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (77)


 
«La Jeune-fille connaît les perversions standards. Trop sympa !»
 
Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-FilleTiqqun. Mille et une nuit. (2001)

Photographie : Pascal Chapuis

jeudi 19 décembre 2024

PBF 2024.31 : L'écureuil aux yeux verts

Mercredi 18 décembre 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque accueille une nouvelle histoire animalière Un écureuil aux yeux verts. Comme souvent avec Jean Christophe il s’agit d’analogie entre une scène contemporaine et un souvenir d’enfance. En fait la scène contemporaine libère un souvenir.
 
Programmation musicale :
1) J’veux de la tendresse (Janic Prévost)
2) We’re gonna have a good time (Rare earth)
3) Petit matin (Sylvain Lelièvre)
4) Me and my axe (Tony Levin)
5) Nocturne n° 4 (Gabriel Fauré) Lucas Debargue
6) Valse caprice n°2 (Gabriel Fauré) Lucas Debargue
7) Dehors novembre (Les colocs)
8) Life on mars (David Bowie) Eric Le Lann
 
+ 3ème épisode des histoires animalières de et par Jean-Christophe, L’écureuil aux yeux verts
 
Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/l%C3%A9cureuil-aux-yeux-verts-la-petite-boutique-fantasque/
 
Sus aux Philistins !
 
photographie FC Gundlach

«Alors sentant que son sommeil était dans son plein, que je ne me heurterais pas à des écueils de conscience recouverts maintenant par la pleine mer du sommeil profond, délibérément je sautais sans bruit sur le lit, je me couchais au long d’elle, je prenais sa taille d’un de mes bras, je posais mes lèvres sur sa joue et sur son cœur puis sur toutes les parties de son corps posais ma seule main restée libre, et qui était soulevée aussi comme les perles, par la respiration d’Albertine ; moi-même, j’étais déplacé légèrement par son mouvement régulier, je m’étais embarqué sur le sommeil d’Albertine.»

La prisonnière. Marcel Proust. GF Flammarion (1987)

mardi 3 décembre 2024

PBF 2024.30 : Les beaux soirs alanguis

Mercredi 5 décembre 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque reçoit Thomas Moreau, musicien et compositeur et Mathieu Haramboure, producteur du label Belarri à l’occasion de la sortie de leur disque de mélodies françaises. Y seront abordés le choix des poèmes, les adéquations de la musique avec les paroles et les conditions actuelles de productions d’un disque. Cette émission sera prétexte à l’écoute de beaux chants accompagnés, guitare, orchestre, piano.

Programmation musicale :
1) Les berceaux (Sully Prudhomme / Gabriel Fauré) Laurent Naouri / Frédéric Loiseau
2) Fanfare et ville tirés des Illuminations (Arthur Rimbaud / Benjamin Britten) Felicity Lott / Scottish National / Dryden Thomson
3) Outwards (Henry J.-M. Levet / Thomas Moreau) Célian d’Auvigny / Damaris Alsunard
4) Les beaux soirs alanguies François Mauriac / Thomas Moreau) Agnès Denneulin / Damaris Alsunard
5) Dans le jardin d’Anna (Guillaume Apollinaire / Francis Poulenc) Gilles Cachemaille / Pascal Rogé
6) Gute nacht tiré du voyage d’hiver (Wilhelm Müller / Franz Schubert) Hans Hotter / Gerald Moore

+ entretien avec Thomas Moreau et Thomas Haramboure

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Sus aux Philistins !

«Peu à peu, il devint impossible d’échanger avec quiconque une parole raisonnable. Les plus pacifiques, les plus débonnaires étaient enivrés par les vapeurs de sang. Des amis que j’avais toujours connus comme des individualistes déterminés s’étaient transformés du jour au lendemain en patriotes fanatiques.
Toutes les conversations se terminaient par de grossières accusations.
Il ne restait dès lors qu’une chose à faire : se replier sur soi-même et se taire aussi longtemps que durerait la fièvre.»

Le monde d'hier. Stefan Zweig. Gallimard (2016)

PBF 2024.29 : L'empaillé et l'encorné

 

Mercredi 27 novembre 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque, dans sa thématique d’exploration des nouvelles du début XXe siècle nous propose Armand Silvestre et tiré de son recueil Histoires gaies, la nouvelle L’empaillé. Une histoire de perroquet à la langue et la vie bien pendue.

Programmation musicale :
1) Side B / turn it over (Tony Levin)
2) Thérèse (Anne Silvestre)
3) Improvisation sur 1er mouvement du concerto en ré (Jean-Sébastien Bach) Stéphane Grappelli / Django Reinhardt
4) Tango in the night (Fleetwood Mac) 
5) Le Piccadilly (Erik Satie) Alexandre Tharaud

6)  La statue retrouvée (Erik Satie) Alexandre Tharaud / David Guerrier
7) Dans mon jeune temps (Linda Lemay) 

8) La petite vieille (La foire aux chapeaux)
9) Elévation pour la paix (Marc-Antoine Charpentier) Les Passions / Jean-Marc Andrieu
10) The fat lady of Limbourg (Brian Eno)
11) Ipo tai tai ie (Chanson plus)

+ lecture de la nouvelle d’Armand Silvestre ; L’empaillé par Dominique Silvestre

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Sus aux Philistins !



dimanche 24 novembre 2024

Couvertures de poche (4)

 



«Je ne me force pas à souffrir.Tout reviendra pour moi quand il plaira à Dieu. Il faut accepter cette honte de n'avoir pas un cœur à la mesure de la souffrance des hommes... Ah ! Je ne fais pas le malin devant Dieu. Je suis content de vendre mon vin très cher et je me promène dans ma vigne comme s'il n'y avait sur le monde qu'une imperceptible tache de sang.»

Correspondance intimeFrançois Mauriac. Robert Laffont (2012)

dimanche 17 novembre 2024

Théâtre au Théâtre de la cité (5) avec Louloute

 

 

Hécube, pas Hécube. Tiago Rodrigues (2024)

44

«J'aime de la sorte : je fixe, parce qu'elle est belle, attirante, ou de quelque autre façon aimable, une figure de femme ou d'homme -là où il n'y a pas de désir il n'y a pas de préférence sexuelle- et cette figure m'obsède, me captive, s'empare de moi. Pourtant je ne veux rien de plus que la voir et je ne regarde jamais rien avec autant d'horreur que l'éventualité de connaître et de parler avec la personne réelle que cette figure manifeste en apparence. J'aime avec le regard pas avec l'imagination.»

[...]

Livre(s) de l'inquiétude : Vicente Guedes, Baron de Teive, Bernardo SoaresFernando Pessoa. Christian Bourgeois éditeur (2018)

«Satie, très éprouvé par la guerre et déçu à la fois par la jalousie de Debussy et par de dandysme de Ravel, souhaitait également tourner la page de l'époque des rêves symbolistes, des sublimations héroïques et du néo-académisme vis-à-vis desquels il avait toujours montré une certaine distance.»

Erik SatieJean-Pierre Armengaud. Fayard (2009)

Visionnage toulousain en salle (75) à l'ABC avec Caroline et Louloute

Trois amies. Emmanuel Mouret (2024)

 

Visionnage domestique (207)

Le rite. Ingmar Bergman (1969)

«Et puis on se sent si seul dans ce monde sans foi et sans espérance et parmi ces clercs tourneboulés et chardinisés et marxisés. »

Correspondance intimeFrançois Mauriac. Robert Laffont (2012)

mercredi 13 novembre 2024

PBF 2024.28 : Qui veut garder maîtresse la fait épouser par son valet

 

Mercredi 13 novembre 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque nous fait partager le septième et dernier épisode de la Carrière d'Agathe, tiré de l'Histoire comique de Francion écrit par Charles Sorel et publié en 1623. Il y a toujours un peu d'émotion d'arriver à la fin de cette aventure où cette femme aidée de sa "nièce" s'étaient données pour but "d'éteindre la concupiscence des hommes".

Programmation musicale :
1) Loulou vs Loulou (Les Cowboys fringants)
2) Impromptu (Sébastien Llinares)
3) Air tendre tiré du 2ème concert royal (François Couperin) Ensemble Stradivaria
4) Allégresse des vainqueurs (François Couperin) Scott Ross
5) 
Les bagatelles (François Couperin) Scott Ross
6)  Sicilienne tiré du 7ème concert Les goûts réunis (François Couperin) Ensemble Stradivaria
7) Optimise mon âme (Fernand Bernadi)

8) Le rock'n roll du grand flan mou (Plume Latraverse)
9) Sifra (Yochk'o Seffer Neffresh music)

+ 7ème épisode extrait de l'Histoire comique de Francion (Charles Sorel, 1623) interprété par Pascale Rémi

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Sus aux Philistins !

lundi 11 novembre 2024

Visionnage domestique (206)

Après la répétition. Ingmar Bergman (1984)

Journal lucide

37

«Ma vie, tragédie tombée sous la huée des anges et des dieux dont le seul premier acte est joué. Des amis, aucun. Seulement quelques connaissances qui pensent sympathiser avec moi, et seraient peut-être un peu tristes si un train me passait sur le corps et que l'enterrement avait lieu un jour de pluie.

Le prix naturel de mon éloignement de la vie a été l'incapacité que j'ai suscitée chez les autres de se sentir à l'unisson avec moi. Autour de moi il y a une auréole de froideur, un halo de glace qui repousse les autres. Je n'ai pas encore réussi à ne pas souffrir de ma solitude. Il est si difficile de parvenir à cette distinction de l'esprit qui permette à l'isolement d'être un repos sans angoisse.»

[...]

Livre(s) de l'inquiétude : Vicente Guedes, Baron de Teive, Bernardo SoaresFernando Pessoa. Christian Bourgeois éditeur (2018)

«En réaction avec le Rideau de Parade, qui mélange les esthétiques, Satie revient dans sa musique à un cubisme de stricte observance : combinaison stricte de structures musicales en aplat, maintien d'une unité de rythme implacable accueillant des événements musicaux perçus comme artificiels, et des heurts entre plusieurs matériaux sonores.»

Erik SatieJean-Pierre Armengaud. Fayard (2009) 

dimanche 10 novembre 2024

Tubéreuse savoureuse (7)


Rainures de façade (Toulouse août 2024)

photographie Jean Patin

Couvertures de poche (2)


 

Camille Amadeus Colombetto


 

Visionnage domestique (205)

 Sarabande. Ingmar Bergman (2004)

36

[...]

«Dans des yeux qui ne regardent pas, je soupçonne des moqueries que je trouve naturelles, dirigées contre l'exception inélégante que je constitue dans un monde de gens qui  agissent et qui jouissent sur un fond imaginé de physionomies, font des gorges chaudes à propos de la gesticulation maladroite de ma vie, et de la conscience superposée et interposée que j'en ai. Vainement, après avoir pensé cela, j'essaie de me convaincre que c'est de moi et seulement de moi que cette idée de moquerie et d'opprobre vient et jaillit. Je ne peux plus rappeler à moi l'image où je me vois ridicule, à partir du moment où je l'ai objectivée chez les autres. J'ai soudain l'impression d'étouffer, de flotter dans une étuve de sarcasme et d'inimitiés. Tous me montrent du doigt du fond de leur âme. Ils me lapident de leur persiflage railleur et méprisant. Je marche entre des fantômes ennemis que mon imagination a conçus et incarnés dans des personnes réelles. Tout me gifle et me fustige.»

[...]

Livre(s) de l'inquiétude : Vicente Guedes, Baron de Teive, Bernardo SoaresFernando Pessoa. Christian Bourgeois éditeur (2018)

«Comme elle l'a fait du jazz, la musique se moque du sport, qui devenait dans les années 1910-1920 très à la mode, provoquant la désertion des salles de spectacle... autre prophétie.»

Erik SatieJean-Pierre Armengaud. Fayard (2009) 

dimanche 3 novembre 2024

PBF 2024.27 : Jeanne, faudra que je te vois après la répétition

Mercredi 6 novembre 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque nous apprend la différence entre les roubinets de 10 et les roubinets de 12, nous fait entendre le phénomène vocal Garibaldo Trouchet, nous narre les aventures de la fameuse Léopolda, nous fait découvrir monsieur Destaing et son grand orchestre dans Rêverie militaire. Il s'agit d'extraits du film Ah les Belles bacchantes de Jean Loubignac d'après la pièce de Robert Dhery.

Programmation musicale :
1) Papa, Maman, la bonne et moi (Michel Legrand)
2) Ça va chauffer dans la vieille ferme (Spike Hogan)
3) Love you introducing (Pussy warmers)
4) The pirat song (Ray Stevens)
5) Little bittern (John Zorn)
6) Campanule (King Klang)

7) Du hast (Rammstein) Los colorados

+ extrait de Ah les belles bacchantes ! (Jean Loubignac, 1964)

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Sus aux Philistins !

«Je pensais en lisant votre lettre à cet horrible mot du vieux Bourget, peu de semaines avant sa mort et qu'H. Bordeaux m'a rapporté : "L'érotisme ne finit jamais...." Cet octogénaire catholique ayant la mort entre les dents, lâchait là le secret sinistre de la plupart d'entre nous qui aimions Dieu, la pureté, l'innocence et la paix du cœur...Mais il y a cette faim, cette exigence aveugle...  cette marée du désir qui obéit à ses lois mystérieuses et imprescriptibles... Que faire ?»

Correspondance intimeFrançois Mauriac. Robert Laffont (2012)

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (76)

 
«La Jeune-fille porte dans son rire toute la désolation des boîtes de nuit
 
Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-FilleTiqqun. Mille et une nuit. (2001)

Photographie : Wladyslaw Pawelec

Visionnage domestique (203)

 

L'insoutenable légèreté de l'être. Philip Kaufman. (1988)

32

«L'enfant sait que sa poupée n'est pas réelle, et il la traite comme si elle l'était, au point de pleurer et de se désoler lorsqu'elle se brise. L'art de l'enfant est celui de l'irréalisation. Béni soit cet âge illusoire de la vie, quand on nie la vie parce qu'il n'y a pas de sexe, quand on nie la réalité par jeu, considérant comme réelles des choses qui ne le sont pas !»

Livre(s) de l'inquiétude : Vicente Guedes, Baron de Teive, Bernardo SoaresFernando Pessoa. Christian Bourgeois éditeur (2018)

«A l'inverse de la problématique debussyste, qui sublime le son, elle sensualise la forme.»

Erik SatieJean-Pierre Armengaud. Fayard (2009) 

vendredi 1 novembre 2024

«Et puis tant de crevasses s'ouvrent de tous côtés, alors on jette ce qu'on cachait, le meilleur et le pire ; il faut brûler ses vaisseaux se saborder comme ces héroïques monstres allemands, ne rien réserver de soi jusqu'au jour du jugement. Alors nous pourrons nous taire et attendre la sentence : tout aura été remis, toutes les pièces livrées. Quelle importance je me donne ! Qui lira ces vers ? Et même la Divine comédie (à quoi je n'ai d'ailleurs jamais rien compris) sera anéantie un jour. Et l'oeuvre. de Proust retournera en poussière. Peut-être, sur la mer des derniers âges, rien ne surnagera que quelques lignes d'un article de Maurras. La quantité aura vaincu.»

Correspondance intimeFrançois Mauriac. Robert Laffont (2012)

dimanche 27 octobre 2024

«Tout en marchant à côté de moi, la duchesse de Guermantes laissait la lumière azurée de ses yeux flotter devant elle, mais dans le vague, afin d'éviter les gens avec qui elle ne tenait pas à entrer en relations et dont elle devinait parfois, de loin, l'écueil menaçant. Nous avancions entre une double haie d'invités, lesquels, sachant qu'ils ne connaîtraient jamais Oriane, voulaient au moins, comme une curiosité, la montrer à leur femme : Ursule, vite, vite, venez voir madame de Guermantes qui cause avec ce jeune homme. Et on sentait qu'il ne s'en fallait pas de beaucoup pour qu'ils fussent montés sur des chaises, pour mieux voir, comme à la revue du 14 juillet ou au Grand Prix.»

Sodome et GomorrheMarcel Proust. Flammarion (1987)

Visionnage domestique (202) avec Caroline et Laurie

Le canard à l'orange. William Douglas-Home (1979)

Tubéreuse savoureuse (6)

Reflets sur la carrière (Toulouse septembre 2023)

photographie Jean Patin

Le salon reçoit le 22 octobre 2024


 

dimanche 20 octobre 2024

Visionnage domestique (201)

 
Le silence. Ingmar Bergman (1963)

« Dans Le Silence, Sven Nykvist et moi avions décidé d’être parfaitement impudiques et de ne rien refouler. Et, il y a dans ce film, une volupté cinématographique que je revis encore avec joie. Ce fut tout simplement follement amusant de tourner Le Silence. » Ingmar Bergman

« En tentant de retracer l’origine du Silence, Bergman évoque un rêve et un souvenir d’enfance : "Je suis dans une ville étrangère gigantesque. En route vers une zone de la ville où se trouve ce qui est interdit (…) Quand j’ai eu dix ans j’ai commencé à vagabonder (…) A l’origine Le Silence s’appelait Timoka (…) J’avais vu ce mot sur un livre estonien sans savoir ce qu’il signifiait. Et je trouvais que c’était un nom qui convenait bien pour une ville étrangère. Le mot, en fait, signifie : Voué au bourreau." Ingmar Bergman

« La scène d’amour de la jeune sœur avec le barman (Birger Malmsten, vieilli, méconnaissable) et celle de la masturbation d’Ingrid Thulin firent scandale à l’époque. Pourtant leur prétendu érotisme véhicule une terreur qui annihile la sensualité. » 
Ingmar Bergman, le magicien du NordN.T.Bihn

samedi 19 octobre 2024

En parlant Albertine gardait la tête immobile, les narines serrées, ne faisait remuer que le bout des lèvres. Il en résultait ainsi un son traînard et nasal dans la composition duquel entraient peut-être des hérédités provinciales, une affectation juvénile de flegme britannique, les leçons d'une institutrice étrangère et une hypertrophie congestive de la muqueuse du nez.
Cette émission, qui cédait bien vite du reste quand elle connaissait plus les gens et redevenait naturellement enfantine, aurait pu passer pour désagréable, Mais elle était particulière et m'enchantait. Chaque fois que j'étais quelques jours sans la rencontrer, je m'exaltais en me répétant : "On ne vous voit jamais au golf ", avec le ton nasal sur lequel elle l'avait dit, toute droite, sans bouger la tête. Et je pensais alors qu'il n'existait pas de personne plus désirable.

À l'ombre des jeunes filles en fleursMarcel Proust. GF Flammarion (1987)

mardi 15 octobre 2024

PBF 2024.26 : Rimes féminines et pineliformes

Mercredi 16 octobre 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque retrouve une nouvelle fois Marius Pinel pour sa quarante-sixième chronique de l'univers place Pinel.

Programmation musicale :
1) Optimise mon âme (Fernand Bernadi)
2) Esperanto (Samarabalouf)
3 Rimes féminines (Juliette)
4) The island earth (Bryan Ferry jazz orchestra)
5) Masada Alef Taha (John Zorn)
6) Me semble que c'est facile (Lise Leblanc)

7) Toward (Mohini Geisweiler)
8) Assis (Ange)

+ 46ème chronique de l'univers place Pinel, poésie et place Pinel par Marius Pinel.

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Photographie de tournage de Pierrot de fou (Jean-Luc Godard)

dimanche 13 octobre 2024

Réminiscence personnelle (78)

«Comme tu tiens à ta pureté, mon petit gars ! Comme tu as peur de te salir les mains. Eh bien, reste pur ! À quoi cela servirait-il et pourquoi viens-tu parmi nous ? La pureté, c'est une idée de fakir et de moine. Vous autres, les intellectuels, les anarchistes bourgeois, vous en tirez prétexte pour ne rien faire. Ne rien faire, rester immobile, serrer les coudes contre le corps, porter des gants. Moi j'ai les mains sales. Jusqu'aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. »

Les mains sales. Jean-Paul Sartre. Folio (1979)

samedi 12 octobre 2024

Musique à Montauban (21) avec Caroline : Festival Passions baroques



 

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (75)

«La Jeune-fille a un souci de l'équilibre qui la rapproche moins du danseur, que de l'expert comptable
Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-FilleTiqqun. Mille et une nuit. (2001)

Photographie : Dawn Wells

mercredi 9 octobre 2024

PBF 2024.25 : Le Bavarois et le hâbleur sublime

 
Mercredi 9 octobre 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque retrouve une nouvelle fois Léon Bloy pour une de ces nouvelles inspirées de ses souvenirs la guerre franco-prussienne de 1870, tirée de Sueurs de sang. Elle s’intitule Humiliation d’un sublime mais elle pourrait avoir le titre plus moderne de Le Bavarois et le hâbleur sublime.

Programmation musicale :
1) Grey lagoons (Roxy music)
2) Moderato de la symphonie n°5 (Dimitri Shoskatovitch) Orchestre philharmonique de Leningrad / Ievgueni Mravinski.
3 Timean sparkles (Brian Eno / Robert Fripp)
4) Goodbye Odessa (Olga Avigail Milleszczuk)
5) Loulou vs Loulou (Les cowboys fringants)
6) Gun (Michael Galasso)

+ Lecture de Humiliation d’un sublime de Léon Bloy par Stéphane

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Sus aux Philistins !


Photographie de clowns du cirque Bertram Mills

vendredi 27 septembre 2024

«Et depuis la veille, Françoise, heureuse de s'adonner à cet art de la cuisine pour lequel elle avait certainement un don, stimulée, d'ailleurs, par l'annonce d'un convive nouveau, et sachant qu'elle aurait à composer, selon des méthodes sues d'elle seule, du bœuf à la gelée, vivait dans l'effervescence de la création ; comme elle attachait une importance extrême à la qualité intrinsèque des matériaux qui devaient entrer dans la fabrication de son œuvre, elle allait elle-même aux Halles se faire donner les plus beaux carrés de romsteck, de jarret de bœuf, de pied de veau, comme Michel-Ange passant huit mois dans les montagnes de Carrare à choisir les blocs de marbre les plus parfaits pour le monument de Jules II. Françoise dépensait dans ces allées et venues une telle ardeur que maman voyant sa figure enflammée craignait que notre vieille servante ne tombât malade de surmenage comme l'auteur du tombeau des Médicis dans les carrières de Pietrasanta.»

À l'ombre des jeunes filles en fleursMarcel Proust. GF Flammarion (1987)

mercredi 25 septembre 2024

PBF 2024.24 : Dix ans de passions baroques

Mercredi 25 septembre 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque reçoit Jean-Marc Andrieu qui nous détaille le programme de la dixième édition du festival Passions baroques à Montauban et dans le Tarn-et-Garonne.

Programmation musicale :
1) Dernier choeur d'In exitu Israël (Antoine-Esprit Blanchard) Orchestre les Passions / choeur de chambre les Éléments / Jean-Marc Andrieu
2) Sfogava con la stelle un inferno d'amore (Claudio Monteverdi) La Main harmonique
3) Kyrie du Requiem (Jean Gilles)
Orchestre les Passions / choeur de chambre les Éléments / Jean-Marc Andrieu
4) Incipit des Lamentations du 1er mercredi (Jean Gilles) Orchestre les Passions / choeur de chambre les Éléments / Jean-Marc Andrieu
5) Badinerie de la suite n°2 (Jean Sébastien Bach) Café Zimmerman
6) White mischieff (Penguine cafe orchestra)
7) Face to face (Shakti)
8) September fifteenth (Pat Metheny / Lyle Mays)
9) Dis quand reviendras-tu ? (Barbara) La Grande Sophie

+ Entretien de Jean-Marc Andrieu avec Jean Patin

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Sus aux Philistins !


Photographie de Jean-Marc Andrieu (Jean Patin)

lundi 23 septembre 2024

Tubéreuse savoureuse (5)

 

Murs d'enceinte (Avenue de Muret, Toulouse, mars 2023)
 
Photographie : Aimable Lubin 

dimanche 22 septembre 2024

samedi 21 septembre 2024

«Une des jeunes filles que je ne connaissais pas se mit au piano, et Andrée demanda à Albertine de valser avec elle. Heureux, dans ce petit Casino, de penser que j’allais rester avec ces jeunes filles, je fis remarquer à Cottard comme elles dansaient bien. Mais lui, du point de vue spécial du médecin, et avec une mauvaise éducation qui ne tenait pas compte de ce que je connaissais ces jeunes filles, à qui il avait pourtant dû me voir dire bonjour, me répondit : "Oui, mais les parents sont bien imprudents qui laissent leurs filles prendre de pareilles habitudes. Je ne permettrais certainement pas aux miennes de venir ici. Sont-elles jolies au moins ? Je ne distingue pas leurs traits. Tenez, regardez, ajouta-t-il en me montrant Albertine et Andrée qui valsaient lentement, serrées l’une contre l’autre, j’ai oublié mon lorgnon et je ne vois pas bien, mais elles sont certainement au comble de la jouissance. On ne sait pas assez que c’est surtout par les seins que les femmes l’éprouvent. Et, voyez, les leurs se touchent complètement." En effet, le contact n’avait pas cessé entre ceux d’Andrée et ceux d’Albertine. Je ne sais si elles entendirent ou devinèrent la réflexion de Cottard, mais elles se détachèrent légèrement l’une de l’autre tout en continuant à valser. Andrée dit à ce moment un mot à Albertine et celle-ci rit du même rire pénétrant et profond que j’avais entendu tout à l’heure. Mais le trouble qu’il m’apporta cette fois ne me fut plus que cruel ; Albertine avait l’air d’y montrer, de faire constater à Andrée quelque frémissement voluptueux et secret. Il sonnait comme les premiers ou les derniers accords d’une fête inconnue.»

Sodome et GomorrheMarcel Proust. Flammarion (1987)



mercredi 18 septembre 2024

PBF 2024.23 : L'étranger magnifique

 
Mercredi 18 septembre 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque retrouve avec plaisir Fernand Bernadi qui parle de la sortie de son disque Saveurs fantômes. Quelle étendue avec son projet précédent portant sur la version française de La servante maîtresse, son opéra de poche pour lieux improbables.

Programmation musicale :
1) La nuit (Fernand Bernadi)
2) Nadine (Chuck Berry)
3) Je danse encore (Pierre Chérèze)
4) Zéphir (Gong expresso)
5) Aria for robots (François Causse / Yochk'o Seffer)

+ Entretien avec Fernand Bernadi avec Jean Patin

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF :
https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/létranger-magnifique-la-petite-boutique-fantasque/

Sus aux Philistins !


Photographie de Fernand Bernadi

dimanche 15 septembre 2024

«La pire horreur c'est le contact quotidien avec des gens sans imagination et sans idées générales, qui ont la haine de l'Esprit et qui vont par le monde à la remorque de leur organe génital.»

Correspondance intime. François Mauriac. Robert Laffont (2012)

mardi 10 septembre 2024

«Photographe de métier, leur hôtesse saisit des images simples (personnes, rues, bateaux, immeubles, ponts) dont émane une tristesse diffuse et résolue, mais ouverte au monde, comme si elle s'entêtait à trouver la vie belle, tout en observant sa misère, comme si son art consistait à donner de douces lignes de fuite à la brutalité du monde.»

Sans classe ni place : l'improbable histoire d'un garçon de nulle partNorbert Alter. PUF (2023)

PBF 2024.22 : Le mal rôde et sa résolution

Mercredi 11 septembre 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque se penche sur la complexité des problèmes contemporains. L'époque est troublée, le mal rôde. Mais il y a des signes indiscutables, des témoignages troublants que Marius Pinel essaie de décrypter avec sa sagacité coutumière. Il y a peut être une solution aux problèmes de notre époque.
 
Programmation musicale :
1) Perles de cristal (Yvette Horner)
2) Estupenda Graça (Pat Metheny / Lyles Mays)

+ témoignages de signes et d'apparitions durant l'été 2024
+ analyses de Marius Pinel

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/le-mal-rôde-et-sa-résolution-la-petite-boutique-fantasque/

Vivat giscardus ad aeternum et sus aux Philistins !

Image de l'apparition mariale à Medugorje (Bosnie-Herzégovine) 1981

dimanche 8 septembre 2024

Tubéreuse savoureuse (4)

 

 
Voiles de la salle à manger (Saint-Girons, juillet 2023)
 
Photographie : Aimable Lubin 

samedi 7 septembre 2024

«Il se croyait bon amant, tendre et savant, il aurait rêvé de la retenir par le sexe et devenir pour elle le synonyme d'un plaisir exquis.»

L'anomalieHervé Le Tellier. Gallimard (2022)

Époque hippie

«Ils découvrent la culture orientaliste de la communauté : bâton d'encens, tuniques ethniques et débraillées, nourriture à l'allure macrobiotique, références mystiques, meubles minimalistes, relations obligatoirement pacifiées et sereines, mais tournées vers soi.»

Sans classe ni place : l'improbable histoire d'un garçon de nulle partNorbert Alter. PUF (2023)

Couvertures de poche (1)


 

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (74)

 

«La Jeune-fille connaît tout comme dénué de conséquences, même sa souffrance. tout est drôle, rien n'est grave. Tout est cool, rien n'est sérieux

Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-FilleTiqqun. Mille et une nuit. (2001)

Photographie : Anita Page