«Il faut d'abord être tout à fait persuadé que la monarchie apparaissait à tous comme le seul régime normal et juste, comme le seul régime pensable, et d'ailleurs traditionnel, d'un pays comme la France qui n'était ni petit ni démesuré. Aux immenses empires, mal connus et redoutés autant que méprisés, mais heureusement fort lointains (la Moscovie, la Turquie, les Indes, la Chine, le Japon), on laissait les despotes cruels et tout-puissants, tsars, sultans, mogols ou empereurs. Ils connaissaient des régimes qu'on qualifiait de tyranniques, de non réglés, et qui ne pouvaient convenir à un vieux pays civilisé de tradition rurale, seigneuriale et chrétienne. Les théoriciens français de la monarchie dite absolue prenaient soin de montrer que cet absolutisme n'était pas despotique ; qu'il était limité et tempéré par un certain nombre de règles et de coutumes que nous retrouverons : par exemple, le respect de la morale, de la religion, de la propriété privée, de ce qu'on appelait liberté (c'est-à-dire l'interdiction de l'esclavage).»
Le siècle de Louis XIV. Pierre Goubert. Éditions de Fallois (1996)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire