«Ils [les acteurs de cinéma] viennent d'une vraie vie qui ressemble pourtant à une vie de cinéma, comme s'ils débarquaient d'un autre film. Ils ne pensent pas à ce qu'ils disent quand ils le disent. Dans leur bouche, les mots ne sortent pas d'une page imprimée, ils viennent en bataille, tous ensemble, liés par un mouvement indécis, continu, sans rupture, et qui porte. Il n'y a pas de mot plus distinct qu'un autre. Ça vient comme ça. Ils changent quantité de mots et le réalisateur ne s'en offusque jamais. Au contraire, il encourage ces initiatives. Dis-le comme tu le sens. Ils sentent voilà. Ils ont un instinct animal. Flairent les autres, les situations, ce qui se passe. Sous n'importe quel angle ils sont expressifs et n'ont rien à faire pour qu'on les regarde. Avec mes années d'étude, mes années en classe à apprendre, mes années au Conservatoire, mes lectures, mon enfance et mon adolescence sans histoire, je ne sens rien. Rien ne vient instinctivement. Je réfléchis, conçois, prévois. Je parle, fais des phrases. Joue la comédie»
Fuir Pénélope. Denis Podalydès. Mercure de France (2014)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire