Le blog-note d'Aimable Lubin : extension du domaine radiophonique des Muses galantes et de la Petite Boutique Fantasque
mardi 26 avril 2022
PBF 2022.10 : Y'a plus de mayo dans l'fridge
dimanche 24 avril 2022
samedi 23 avril 2022
Éblouissement des prémisses (67)
lundi 18 avril 2022
«Pavane des femmes sculpturales qui marchent, splendides et inaccessibles, vont et viennent, impériales, comme sur des avenue aériennes pavées de cristal limpide et de scories en feu. Directement surgies du monde inexploré des méduses. Nymphes stellaires descendues par erreur sur notre terre aride et se déplaçant depuis à des hauteurs insoupçonnées, déjà statufiées vivantes sur les colonnades impeccables de leurs cuisses d'opaline au grain poudreux. Ne laissant derrière elles que la lueur du fluide corrosif de leurs ovaires en effervescence. Triomphales, fruitales, évoluant dans l'aura bleutée de la convoitise sans avoir l'air de remarquer l'orage sexuel qu'elles déchaînent, qu'elles allument par un seul balancement de toute l'opulente, de toute l'admirable masse de leurs hanches chevalines. Insouciantes, elles traversent des haies compactes de fous furieux, maniaques aux regards avides, tenus en l'extrême justesse au bout de leurs instincts domestiqués. Impossible qu'elles ne sentent pas cela.»
Septentrion. Louis Calaferte. Denoël (1984)
Oiseau part du nid
Découverte musicale parisienne dans la publication du 50e anniversaire de Exile on main street
Visionnage domestique toulousain (100ter)
Visionnage domestique toulousain (100bis)
leschroniquesdecliffhanger.com
mardi 12 avril 2022
PBF 2022.09 : Le frôleur compatissant
dimanche 10 avril 2022
Visionnage domestique toulousain (100)
Un premier film renouvelle un sujet sans surprises.
Trois adolescentes dans les vestiaires d'une piscine : c'est le postulat du premier film de Céline Sciamma, 27 ans. Pour prendre le spectateur à contre-pied, refouler tous les clichés et refuser tous les fantasmes générés par ce type de situation. Au départ, il y a deux copines, Anne la grosse et Marie la maigre. Conformes ni l'une ni l'autre aux canons de la séduction, elles ont peur de suer sous les bras, de "puer de la gueule", de dégoûter. Cette radiographie de la naissance de la féminité est placée sous le signe de la cruauté.
Floriane, la troisième, est une belle blonde et un sujet de malentendus. Les garçons tournent autour d'elle, on la prend pour une allumeuse, elle embrasse ses courtisans par convention, fait mine d'assumer son image de lolita mais cache qu'elle est toujours vierge, pétrifiée par un statut social qui ne correspond pas à ce qu'elle est.
Il y aura bisbille entre Anne et Marie, entre autres parce que Marie quitte l'enfance pour découvrir le désir et que le secret objet en est Floriane. Pour se rapprocher d'elle, Marie doit faire semblant : d'être attirée par la natation synchronisée dont Floriane est la reine, d'être intronisée dans le groupe. Pendant ce temps, adulte avant les autres, c'est la bonne grosse qui passe à l'acte avec un garçon, et qui est le dindon de la farce.
Les premières expériences amoureuses des jeunes filles gauches ou avides de métamorphoses, on a vu cela cent fois, sauf qu'ici ce n'est pas tout à fait comme d'habitude. Parce que Céline Sciamma a fait disparaître les adultes du champ, renvoie les garçons aux rôles de figurants, ignore tout ce qui pourrait faire mode. Optant pour l'intemporalité et la stylisation, se jouant des codes comme des "trucs de princesse débiles" et refusant la scène stéréotypée du coming out, elle parle de malentendus, de rétention, de la difficulté de vivre une pulsion homosexuelle à 15 ans.
Naissance des pieuvres aligne sèchement des gestes qui n'autorisent aucun sentimentalisme, aucun jugement. On y enterre son soutien-gorge dans le jardin, on y expédie un crachat dans une bouche, on s'y conduit en sorcière ou en petit soldat discipliné pour la compétition. Mais les ballets nautiques sont un leurre, car l'essentiel est d'apprendre à tomber amoureuse d'une fille.
Jean-Luc Douin
«Foutrement roulée, la petite brune. Pétale de soie en rosée du matin. Lui proposerais volontiers un tour d'auto-tamponneuses. M'avez-vous compris, fille-feu du ténébreux Empire ? J'en jurerais, au coup d'oeil que nous venons d'échanger. Avec quelle arrogance elles soutiennent votre regard. Coït visuel. Devant le sexe, nous sommes faits pour nous comprendre à demi-mots. Préparés, tous, pour une même et unique randonnée. »
Septentrion. Louis Calaferte. Denoël (1984)
vendredi 8 avril 2022
«Mais le plus beau, c'est qu'il est inutile de penser, pas besoin de chercher midi à quatorze heures. Juste un sexe. Un sexe bien à point. Juste un pénis convenable à introduire en douceur et avec mille précautions après les simagrées d'usage. Et c'est tout. Burlesque et prodigieux.»
Septentrion. Louis Calaferte. Denoël (1984)
samedi 2 avril 2022
Éblouissement des prémisses (66)
«L'âme comme le corps, peut avoir une virginité. L'offrir, pour une femme, ou la prendre, pour un homme, est l'acte d'amour. L'amour (compris au sens de désirer le bien pour un autre) est en fait un phénomène si peu naturel, qu'il ne peut guère se répéter, l'âme étant incapable de redevenir vierge et n'ayant pas assez d'énergie pour se jeter à nouveau dans l'océan qu'est l'âme d'un autre.»