«L'on jouit davantage de ce qui est à autrui que de ce qui est à soi. Le premier jour est pour le maître, et tous les autres pour les étrangers. On jouit doublement de ce qui est aux autres, c'est-à-dire non seulement sans craindre de le perdre, mais encore avec le plaisir de la nouveauté. La privation fait trouver tout meilleur. L'eau de la fontaine d'autrui est aussi délicieuse que le nectar. Outre que la possession diminue le plaisir de la jouissance, elle augmente le chagrin, soit à prêter, soit à ne pas prêter ; elle ne sert qu'à conserver les choses pour autrui ; et d'ailleurs le nombre des mécontents est toujours plus grand que celui des gens reconnaissants.»
L'art de la prudence. Balthasar Graciàn. Rivages poche, petite bibliothèque (1994)
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