«Plus vivace, plus persistant, le Conseil royal des finances : on prétend qu'en celui-ci Colbert décide (dans les faits) et que le roi signe (par brassées de paperasse) tant Sa Majesté croit bien faire en croyant tout faire, entretenue qu'Elle est dans cette illusion par son puissant ministre. Mais n'est-ce pas ainsi qu'agiront à leur tour au XXe siècle, entre les deux guerres, nos Excellences ministérielles, inévitablement manipulées par leurs directeurs de cabinet et par leurs directeurs d'administration centrale ? Ce Conseil des finances est quelquefois flanqué d'un Conseil du commerce ; car, sans prospérité des affaires, point d'impôts convenablement collectés. En un style analogue, le Conseil des dépêches accouche de temps à autre d'un micro-conseil de religion, destiné à prendre soin (on se doute en quel sens) des dossiers huguenots. Ajoutons -pour compliquer encore les choses !- que Louis XIV, dès lors qu'il s'agit de choisir les évêques destinés à être ultérieurement à être institués par le pape, s'entoure d'un Conseil de conscience bientôt réduit à sa plus simple expression, puisque composé uniquement (après la mort d'autres titulaires) du roi lui-même, et de son confesseur jésuite du moment. Soit le Père Annat au début du règne personnel, le Père Tellier à la fin du règne, et quelques autres dans l'intervalle.»
L'Ancien Régime I : 1610-1715. Emmanuel Le Roy Ladurie. Hachette (2002)
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