«Aux États de 1614, chaque ordre donne du fil à retordre à l'autre. Chaque ordre, d'autre part, se trouve tenu par un fil à la patte qui le lie et le relie aux destinées du pouvoir royal, placé lui-même au-dessus de la société ; ce fil à la patte, c'est la vénalité de l'office pour les hauts roturiers (maintes fois postés sur la route de l'anoblissement) ; ce sont les pensions pour les nobles, et spécialement pour les courtisans. Les États dans ces conditions, se séparent en février-mars 1615, après s'être querellés, sans avoir vraiment réalisé. Condé en est pour ses frais. Mais pouvait-on attendre autre chose en termes d'affaiblissement éventuel du pouvoir royal, d'une assemblée dont les membres se rendaient à la sainte table pour y communier six par six comme à la parade ? Le cléricalisme la Ligue avait joué contre les rois, pour autant que ceux-ci refusaient, sur beaucoup de points, de céder aux intégristes du clergé catholique. Par contre, en 1614, le cléricalisme des États même partiellement gallican, joue pour Marie, donc pour le Pouvoir, dans la mesure où l'une et l'autre se sont rapprochés de Rome ou de l'Espagne, et n'ont pas conservé grand chose, à titre personnel, des amitiés protestantes d'Henri IV. Sully n'a pas démissionné pour rien, même si la coexistence religieuse entre huguenots et catholiques, demeure réalité solide en France au cours de la décennie 1610.»
L'Ancien Régime I : 1610-1715. Emmanuel Le Roy Ladurie. Hachette (2002)
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