«La Fronde est d'abord un problème d'offices et de chef lieu du royaume. Le nombre des officiers a beaucoup grandi de 1515 à 1665. En cette dernière année on décomptera au minimum 46 047 officiers royaux dont près de neuf mille magistrats ; et cinq mille officiers des finances ; le reste, soit plus de trente mille individus se composant de personnages subalternes ou variés (huissiers, notaires, mesureurs, etc) Or, vers 1515, on ne dénombrait au total que 4 041 officiers, au maximum : leur masse de manoeuvre a donc surgi, en période de vive croissance administrative et de mutation étatique, au cours d'un siècle et demi. [...]
Qui plus est, la combustion d'origine officière peut compter, à Paris, sur l'inflammable matériau que forme un peuple urbain souvent mécontent, dont les effectifs se sont fortement accrus pendant le premier XVIIe siècle. La capitale du royaume passe en effet de deux-cent mille au lendemain du siège de 1590 ; mais quatre-cent mille, chiffre déjà énorme, en 1637. Et cinq-cent mille à la fin du XVIIe siècle. on n'est pas pour rien le centre d'un État dont la voracité fiscale draine des sommes d'argent toujours plus vastes, génératrices d'emplois et de pouvoir d'achat, dans la ville même ou s'enracine le pouvoir royal et ministériel.»
L'Ancien Régime I : 1610-1715. Emmanuel Le Roy Ladurie. Hachette (2002)
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