«Peter donc, devait soigneusement dissimuler devant son père son goût tout juvénile de la moquerie et de la plaisanterie ; il ne l'en possédait pas moins, et le professeur Lindner sentait souvent le souffle de l'esprit malin autour de lui sans pouvoir situer le venimeux fantôme. De sorte que le père, tout en tenant son fils en respect d'un regard impérial, le redoutait secrètement, crainte qui n'allait pas sans évoquer un indéfinissable rien qui avait flotté entre les époux lorsque la rondelette Mme Lindner était encore de ce monde. Être maître chez soi, déterminer l'esprit de son foyer et savoir sa famille autour de soi comme un jardin paisible où il avait planté ses principes était aux yeux du professeur une des conditions indispensables de la satisfaction.»
L'Homme sans qualités. Robert Musil. Éditions du Seuil (1956)
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