Pour lui, le procès fait à Malraux sur la base du défaut de véracité et d’exactitude n’a de pertinence «qu’autant que l’on tient les Antimémoires pour des Mémoires et le «je» qui s’y exprime pour un je autobiographique», ce qui n’est pas évident dans la mesure où l’auteur s’est inscrit en faux aussi bien contre la tradition de l’autobiographie confession, à la manière de saint Augustin ou de Rousseau, que contre celle des Mémoires à la manière de Saint Simon ou du général de Gaulle. Le discours autobiographique de Malraux se situe ailleurs, nous semble-t-il, dans cette zone intermédiaire et que l’on appelle aujourd’hui l’autofiction et qui se caractérise par un discours bivalent, mi-enraciné dans la réalité référentielle et mi-tourné vers la fiction. En assemblant deux discours traditionnellement incompatibles, l’autofiction rend inopérante l'antithèse «vérité / fiction.»
Les Antimémoires entre autobiographie et autofiction. Moncef Khemiri