«- Allô ? Allô ? Anne ? C’est vous ? Oui, je reconnais votre voix… Elle n’est plus la même, plus grave, moins enfantine… Mais tout ce temps qui a passé… Bien sûr, elle a changé… Je vous ai déjà appelée il y a une demi-heure, il y avait une machine, un répondeur, un truc, mais je suis sûr que c’était vous. Bon, je n’ai pas laissé de message, moi, ces trucs, je ne suis pas encore au point… Juste avant, votre intervention à la radio, entendue par hasard, m’a laissé tellement stupéfait que j’en ai perdu tous mes moyens ! Je conduisais la voiture pour rentrer à la cure, j’ai stoppé net et me suis arrêté dans le premier café. Un annuaire et vlan, je vous appelle ! Et puis votre voix. J’ai repris la voiture et j’étais si ému que j’ai failli emboutir un arbre ! Le temps de regagner la cure et autre tentative pour vous joindre. Vous entendre, à la radio, tant d’années a près, vous ne pouvez pas imaginer le choc ! Et, là, juste dans la façon dont vous avez dit « Allô », je vous ai reconnue ! Car c’est vous, ma petite Anne ? C’est vous, mon enfant de Dieu ? Mais je parle, je parle, je suis resté le bavard que vous avez connu et peut-être vous ne m’identifiez plus… Tant d’années, tant d’années…
- Père Deau»
- Père Deau»
Un saint homme. Anne Wiazemsky. Gallimard (2017)
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