«Patti Smith : Je crois que c'est ma manière de me fabriquer
des racines, car j'en ai peu. Ma famille n'est pas nombreuse, beaucoup
sont partis, beaucoup d'amis et d'amoureux. La maison où je suis née,
les lieux où j'ai vécu se sont envolés, ont été démolis et remplacés.
Alors, j'ai mes rituels. La première chose que j'ai faite en arrivant à
Paris, pour la première fois, en 1969, c'est d'aller voir la statue de
Picasso dédiée à Apollinaire dans le square près de l'église
Saint-Germain-des-Prés.
Et à chacun de mes séjours, j'y
retourne. J'ai des habitudes partout dans le monde. Mes proches me
disent: "Tu n'as pas envie de découvrir de nouveaux endroits?" Mais,
pour moi, ce sont de vieux amis à qui je rends visite. Ils sont la
preuve d'une sorte d'immortalité ou de permanence. Je préfère marcher
sur mes propres pas, suivre mes propres traces plutôt que de m'en faire
de nouvelles.»
Entretien de Lou Doillon avec Patti Smith. L'Express
version numérique (30/04/2016)